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 Journal intime de Quatre

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Quatre Ashen

Quatre Ashen


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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:13

Dydd Sul, 15ème jour du mois des Héritiers, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Les choses se sont enchainées si vite. Lorsque j'ai donné des adresses à Ookami de femmes pouvant éventuellement être sa mère, je ne me doutais pas encore de ses projets. Encore que j'aurais dû m'en douter, à sa manière de parler à mots couverts, par énigme presque. Par tous les dieux. Comment ne m'en suis-je pas douté ? Elle voulait tuer sa mère. Sa mère l'avait abandonnée, elle souhaitait se venger. Et c'est ce qu'elle a fait. La pauvre femme n'avait aucune chance face à une louve dont la haine avait dû être décuplé par les années. Si seulement j'avais pu prévoir. J'aurais dû prévoir !
Surtout que... cette femme n'y était pour rien. Je me rappelle. En lisant par hasard un de mes vieux cahiers, je voyais ce que "l'autre" avait fait alors qu'"il"tentait encore de s'intégrer avec une bande de malfrats. "Il" avait violé... C'est-à-dire que J'ai violé cette jeune femme. Cette jeune femme qui allait jusqu'à Merkia et y a donné naissance à Ookami.

Ookami... C'est donc ma fille. Comment cela a-t-il pu arriver ? Par quel formidable destin nous retrouvions-nous ? J'ai du mal à réaliser que j'ai une fille. Mais désormais, selon ses plans, Ookami cherche désormais à me tuer.
Je comprenais son ressentiment, je le trouvais plus légitime que celui qu'elle avait eu envers sa mère. J'étais son père, mais j'avais commis un viol. Combien d'autres atroces actions avais-je fait ? Je le concevais, évidemment : je méritais sans doute la mort. Oui, bien sûr, j'ai peur de mourir, je ne suis pas spécialement pressé pour ça. Mais je peux comprendre que je dois payer pour tout le mal que j'ai fait. Suis-je responsable ? On ne peut pas vraiment dire que c'était moi qui ai fait tout ça, mais la différence est si minime... Je peux comprendre tout cela. Mais il est quelque chose que je ne peux supporter : c'est qu'elle me vole mon foulard. Il m'est si précieux. Il ne cache plus rien mais c'est comme un lien, et j'ai besoin de ce lien. Il ne me quitte presque jamais, il me permet de sans cesse me souvenir. Je ne peux pas supporter un seul instant sans l'avoir sur moi. Et elle me l'a arraché. Je devenais fou. Je me montrais violent, aggressif. Comme 'lui' ! Mais je ne voulais pas le perdre. Aeriad m'a vu dans tous mes états, et je crois qu'elle doit avoir désormais une mauvaise opinion de moi. Je reconnais que j'avais le sang bouillant, mais il ne pouvait en être autrement. C'est comme si elle m'arrachait le coeur en me prenant cela. Vorlen m'avait rejeté. Je ne pouvais pas me passer de ce qu'il m'avait donné, faisant preuve parfois d'un semblant d'affection pour moi... La nuit passa... Où je rêvais justement du Spawn.

J’ai encore rêvé de Vorlen cette nuit-là, mais je ne sais vraiment pas quoi en penser. Ce fut un mélange de… de bonheur tel que je n’en avais jamais encore connu, ainsi qu’une douleur qui se trouvait exactement être l’opposée de ma joie.

Cette fois-ci, nous n’étions pas sur les murailles de la Cité d’Argent. Nous étions dans une plaine, peut-être la plaine merkienne séparant la ville et le château, mais je n’avais aucun repère pour m’en assurer. Je dois dire que cela m’était bien égal de toute manière, car Vorlen se trouvait là, juste en face de moi, continuant de me regarder sans expression que j’aurais pu juger rassurante ou non. Il restait impassible. Timidement, je m’approchais de lui, ressentant, comme lors de mon dernier rêve avec lui, un état d’apaisement, de calme, de sérénité en le sachant là. C’est ici que je m’aperçus la différence de taille que nous avions, et à laquelle je n’avais prêté aucune attention. Il avait bien une demi-tête de plus que moi…
…Et je continuais à m’approcher de lui...
Je ne relevais pas la tête vers lui, je gardais mes yeux droit devant moi, plongés dans son cou. Arrivé tout près, je m’arrêtais, attendant une réaction qui viendrait peut-être. Mais là encore, je ne décelais rien ; il ne bougeait pas, semblant à peine respirer. Je relevais lentement ma tête pour voir s’il me regardait d’une expression différente cette fois-ci. Mais il semblait toujours figé, restant là telle une statue. Je décidai donc de continuer de m’approcher de lui, jusqu’à être assez près pour pouvoir lover ma tête au creux de son cou, m’appuyant très légèrement sur lui. Comme la dernière fois, je faisais cela… parce que j’en avais envie. C’est tout.
Je restais là, respirant doucement à mon tour, osant à peine bouger pour ne pas briser ce moment que je voulais éternel. J’étais si près de lui, si près de celui que j’aimais… Je ne voulais pas terminer cela. J’étais si bien, là, dans le creux de son cou… J’aurais également voulu le prendre dans mes bras pour le serrer contre moi, mais une fois encore, la crainte que cela ne brise le moment magique que je vivais m’en empêcha. Ce fut lui qui bougea le premier…
Il posa ses mains sur mes épaules, me reculant doucement de lui. Je relevais la tête. Cette fois-ci, j’y voyais enfin une expression. J’y trouvais un léger sourire que je jugeais encourageant. Ses yeux disposaient au fond d’une lueur qui me rassura, me remplissant également d’un grand bonheur. J’y voyais un sentiment… un sentiment que j’avais ardemment désiré trouver chez lui quand il me regardait mais je n’étais pas sûr de pouvoir y croire…
Il garda ses mains sur mes épaules, mais resserrant son étreinte, il me rapprocha de lui cette fois-ci, et approcha également son visage du mien. Je n’y croyais pas… Qu’allait-il faire ? Qu’avait-il décidé de faire ? Jusqu’au dernier moment, je vis un sourire que je trouvais si doux. Alors que presque plus rien ne nous séparait, je fermais les yeux, et l’instant d’après, je sentis ses lèvres se poser sur les miennes. Le contact fut… wow… Je ne trouve même pas de mots pour le décrire…
Alors ça y est ? Il m’acceptait ? Et il m’aimait aussi ? Est-ce qu’enfin j’allais pouvoir vivre ma vie avec lui, partager quelque chose de fort ? Toutes mes pensées fusaient et s’entrechoquaient. Tout ce que j’avais enduré avant, toutes les tristesses, toutes les déceptions s’évanouirent, chassées par ce contact incroyable. Il lâcha mes épaules et ramenant ses bras dans mon dos, il me serrait contre lui. Je n’osais pas bouger, je n’arrivais même plus à contrôler mes mouvements. Il m’embrassait ! et il me prenait dans ses bras, me serrant contre lui ! Les mêmes mots se répétaient désormais inlassablement dans ma tête : « Je l’aime ! »
Il voulut approfondir ce baiser, et je ne lui opposais aucune résistance. Je désirais la même chose. Un nouveau contact se succéda à celui de ses lèvres, et il resserra plus fortement son étreinte. Tout allait bien… Tout allait très bien… Je vivais un de ces moments où l’on accepterait la mort si elle devait venir au même instant, pourvu que jusqu’à la dernière seconde, on ressente ces sensations-là… Je continuais de me sentir si bien avec lui, prêt à lui donner tout ce qu'il me demanderait. C'est pour ça que j'avais toujours accepter de lui donner mon sang.

C’est alors que… Je n’ai pas compris ce qui a pu se passer… j’étais au paradis, alors qu’il continuait de m’embrasser et…
Il me mordit la langue. Fortement. Jusqu’à m’en faire mal. Cela ne dura même pas une seconde. Après cela, il me repoussa violemment en arrière, et je sentis mes pieds quitter terre l’espace de quelques instants, où ensuite je retombais lourdement sur le sol, assis. Il m’avait mordu si fort que j’avais le goût de mon propre sang dans la bouche. Je relevais un regard d’incompréhension vers lui, que venait-il de se passer ? Pourquoi avait-il fait cela ?
Il souriait toujours, mais ce n’était plus le même sourire. Et la lueur qu’il avait dans les yeux avait également disparu, remplacée par une flamme de noirceur, et de méchanceté. Son sourire avait quelque chose d’inquiétant, il me faisait peur. Sa stature se modifia, il avait quelque chose de plus… démoniaque… Il ne parlait pas, mais les mots arrivaient directement dans ma tête, je ne saurais expliquer comment. Sans doute une particularité de ce rêve qui tournait au cauchemar. Je l’entendais, me demandant d’une voix arrogante comment j’avais pu être assez stupide pour croire qu’il ressentait la moindre once d’amour pour moi. Comment j’avais pu croire simplement que je représentais quelque chose pour lui, même au niveau de l’amitié. Sa voix dans ma tête me dit que je n’étais rien, que je n’étais qu’un cloporte, rien de plus ; que je le dégoûtais, que mon corps le dégoûtait, que ce que je ressentais pour lui le dégoûtait…
Ma bouche s’ouvrit et se ferma plusieurs fois, incapable de n’aligner aucun mot, aucune réponse. Il restait là, son sourire horrible sur le coin des lèvres, à me regarder d’un air suffisant, comme si effectivement je n’étais rien d’autre qu’un insecte…
Il se pencha en arrière, se mettant à rire. Un rire qui arrivait directement dans mon cerveau, un rire, lugubre, sinistre, qui résonnait et semblait se répercuter sur les parois de mon crâne…

Je me relevais, continuant de le regarder sans comprendre, ou sans oser comprendre. Je commençais à lentement reculer, toujours en proie à l’incompréhension. Alors… Il s’était moqué de moi ? Il ne m’aimait pas ? Il n’avait fait ça que pour me torturer un peu plus ? Son rire… Cela l’amusait de me mettre dans cet état ? De jouer avec moi ? De jouer avec mes sentiments ?
Je continuais de reculer et buta sur une pierre, retombai à nouveau. C’est à ce moment là que je vis que le paysage avait changé : la plaine avait laissé la place à une grande étendue rocailleuse où la terre avait la couleur rouge. Son rire se fit plus fort…
Je me relevais à nouveau, fis demi-tour, et me mis à courir aussi vite que je pouvais, mais le rire de Vorlen continuait de se répéter dans ma tête. A travers mes larmes, l’étendue rocailleuse rouge me parut comme déformée, l’ensemble se tordait, et je n’y voyais plus clair. Je n’ai pas vu que devant moi, le paysage s’interrompait comme si je me trouvais sur le bord du monde. Au-delà, que du noir et du vide, et je m’y précipitai, y tombant. La chute durait longtemps, et je tournais sur moi même. Mes sens s’estompaient, et l’instant d’après, je me retrouvais quelque part dans le noir le plus profond, roulé en boule, ramenant mes genoux sous mon menton. Je repensais à ce qui venait de se passer…

Je restais dans cette pénombre, prostré, me balançant lentement, à pleurer, pleurer, pleurer…

Au petit matin, lorsque je me réveillai, je pleurais toujours…

Je me rendis à l'auberge, j'avais besoin de boire un peu. J'y rencontrais Tarau, qui cherchait quelques informations sur le démon qui avait attaqué Aeriad. Puis il me laissa seul. Je repensais à ce cauchemar. Que voulait-il dire ? Avait-il seulement une signification ? J'espère que non... J'observais la marque sur mon poignet. La dernière que m'avait faite Vorlen. Elle s'effaçait. Je pris mon poignard et me tailladait doucement. Je ne voulais pas perdre cette marque...
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Quatre Ashen

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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:14

Dydd Llun, 16ème jour du mois des Héritiers, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Je ne pensais pas revoir Ookami si rapidement. Je pensais qu'elle avait décidé de ne plus me revoir jusqu'au retour de la pleine lune pour pleinement s'attaquer à moi. J'étais convaincu qu'elle avait décidé de ne pas réapparaitre pour me rendre mon foulard. Je m'étais confié à elle, je lui avais fait confiance. Elle savait ce que je ressentais pour Vorlen. Elle savait pleinement ce qu'elle faisait en me volant ce foulard. Je croyais que ces projets étaient donc de me laisser ainsi, pour que je me détruise petit à petit, que je me décompose seul.
Or, hier, elle était revenue pendant que je parlais à Tarau sous sa forme de louve, MON foulard noué autour de son cou. Je ne voulais pas réagir violemment devant Tarau comme je l'avais fait devant Aeriad. Il m'avait lui-même fait remarquer hier que par sa position, je lui devais le respect. Je fis discrètement un essai pour le récupérer. Sans succès, elle me mordit. Je n'espèrais pas grand chose à vrai dire. Elle ne m'avait pas laissé le reprendre la dernière fois, je ne voyais pas pourquoi elle le ferait maintenant. Si je comprenais bien, jusqu'à ce qu'elle statue sur mon éxécution, il fallait que je fasse mon deuil de ce foulard.

Une fois que Tarau me laissa, suivi d'Ookami-louve d'ailleurs, je recommençais à boire. Modérement. J'avais encore en souvenir mon évanouissement de la dernière fois lorsque j'avais bu trop rapidement et plus que de raison. J'observais mes poignets. Sur le droit, j'avais une marque que m'avait faite Ookami très récemment. Sur le gauche, la marque, presque totalement effacé, de Vorlen lors de sa dernière morsure, alors qu'il était blessé, et que peu après il m'annonça qu'il devait partir. Je me redisais une fois encore que c'était uniquement ce qui me restait de lui. Et qu'elle partait, comme lui est parti.
Mais non ! Je ne voulais pas la laisser partir. Saisisant ma dague, je commençais doucement à poser la lame sur les endroits que marquait une fine ligne rouge terminée par deux points plus foncés. C'était froid, cela me fit frissoner. Je commençais à appuyer, serrant les dents sous la douleur. Une petite goutte de sang perla sur la pointe de la dague, puis une autre, et une autre... Suivant le chemin tracé, je commençais à déplacer la lame. Je m'aperçus que je commençais à lacher quelques larmes. Mais je ne voulais pas perdre cela.
Si occupé à cela, je ne m'aperçus pas qu'Ookami étai redevenu. Elle me recommanda de ne pas faire cela. Qu'est-ce que cela peut lui faire ? Mais elle se posta derrière moi et me remit mon foulard autour du cou... Je ne comprenais pas pourquoi. Mais je me sentais soudain si calme, comme apaisé ensentant à nouveau le foulard se nouer autour de mon cou que je ne fis pas de reflexion.

Nous sommes peu après rentrés à la maison. Elle avait perdu son ocarina, et je m'aperçus qu'elle semblait y tenir autant que moi à mon foulard. Au final, ce fut beaucoup de bruit pour pas grand chose : il était simplement tombé par terre chez moi. Elle sembla tellement rassuré de le retrouver. Mais elle avait mit la chambre que je lui avais donnée dans un bel état : tous les meubles étaient renversés et son lit complètement cassé. Elle accepta de dormir chez moi encore.

Nous évoquions rapidement sa mère. Elle m'a dit que je n'étais pas responsable. Cela me fit bizarre. Surtout quand elle me désigna avec le vocable "père"... Qu'a-t-elle décidé me concernant ? Je ne sais pas... L'avenir me le dira... Court ou long ?
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:15

Dydd Mercher, 6ème jour du mois du Royaume, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Je suis toujours vivant. Peu à peu, Ookami semble m'accepter. J'en suis heureux, je serais fier de pouvoir l'élever correctement et l'arracher au monde de la rue où elle ne vivait que de vol et avait pour toit la forêt ou je ne sais quel recoin dangereux de la Cité. La cohabitation ne se passe pas toujours très bien, il y a des hauts et des bas. Cependant, quand je ne vais pas très bien, elle arrive parfois à me tirer de là, à me faire sourire.
Vorlen est toujours absent et je m'étais noyé dans le travail pour éviter de penser à lui. Penser à n'importe quoi sauf à lui. Ookami m'a empêché de me replier sur moi même et m'a forcé à sortir un peu.

C'est lors d'une de mes sorties que j'apprenais l'état d'Aeriad. Traitée par des gens compétents, sa santé ne cessait pourtant sans cesse de se dégrader. Ookami pense que cela a un rapport avec le démon que nous avions pensé avoir détruit dans les rues de la ville. Peut-être a-t-elle raison, au fond, nous n'avions pas eu de corps. Elle souhaite partir vers l'Est, là où elle croit que se trouve le pays d'Aeriad, à la recherche d'informations. Je comptais l'accompagner, mais je ne sais plus si c'est une très bonne idée, j'ai peur qu'il ne nous arrive des accidents comme celui d'hier.

Tout se passait très bien, si ce n'est que c'était la période de la pleine lune. Ookami s'était absentée durant toute la nuit alors qu'elle s'était transformée en louve sans pouvoir rien y faire. J'ai peur pour elle et les autres. A ce moment, elle pourrait tuer n'importe qui. Je lui demandais si elle l'avait fait mais sa réponse ne fut pas très clair. Cela dit, je ne crois pas qu'elle se soit attaquée à un humain. Du moins je l'espère vraiment... Elle est comme moi lorsque je deviens ce maudit tigre... sans contrôle, sans rien... Plus d'inhibition... Et justement, c'est ce qui m'est arrivé alors qu'elle était là. Je le sentais venir, comme une présence bestiale qui se faisait jour petit à petit en moi. Cela en devenait une douleur, une véritable douleur comprimée à mon ventre et qui peu à peu s'étendait dans tout mon être au fur et à mesure que j'essayais de toutes mes forces, de toute ma volonté de lutter contre cela. J'en perdais l'équilibre, je n'arrivais plus à respirer. Ookami s'était approchée de moi et me disait de le laisser venir, de ne plus me battre contre le tigre. Mais il en était hors de question, je ne voulais pas qu'elle risque quoique ce soit. Je ne voulais pas lui faire du mal involontairement et je ne voulais pas qu'elle court le moindre danger. Hélas, j'ai dû perdre... Car je ne me rappelle plus de rien jusqu'au moment où je me réveillais dans la rue. Tous les os de mes mains et mes poignets étaient brisés. Plus loin, je voyais ma fille sous sa forme de louve sérieusement entaillée au visage. Malgré mes maigres connaissances en soin, j'arrivai à me soigner. Les mains sont faciles à traiter. Le visage est autrement plus difficile mais je voulais au moins essayer de faire quelque chose pour améliorer son état.
Mais elle refusa que je la touche et elle ne tarda pas à galoper...

Ce n'est que le lendemain qu'elle revint. Elle ne sembla pas avoir de griefs contre ce qu'il s'était passé entre nous. Tout se passait comme s'il n'y avait rien eu entre nous, elle ne me reprocha rien.


Et puis, alors que nous parlions encore de choses et d'autres, elle s'interrompit, me disant qu'il y avait quelqu'un à la porte. Je n'avais pourtant entendu personne. J'allais m'en assurer, et si dans un premier temps je ne vis rien, c'est parce que le nouvel arrivant s'était un instant dissimulé. Il s'agissait de Vorlen ! Il (me ?) revenait enfin ! Je les fis entrer, lui et son amie, une petite fée... J'étais vraiment heureux. Je pouvais voir qu'il allait bien, qu'il semblait en bonne santé. Je dois admettre que je ne pensais plus à Ookami pendant ce temps-là et lorsque je la cherchais des yeux, je ne la trouvai plus.
Mais le fait que Vorlen soit de retour n'amenait mes pensées qu'en un point : lui. Il proposa de marcher dans les rues de la ville. J'acceptais avec empressement. Je voulais savoir ce qu'il était devenu durant tout ce temps. Alors que nous nous dirigions vers la taverne, nous rencontrâmes Tarau. Il semblait vraiment bizarre ; à vrai dire, je ne l'ai jamais vu dans cet état là. Etait-il préoccupé ? Alors que je lui demandais comment il allait, il me fit une réponse étrange. Quelque chose qui ressemblait à "Moi, oui, mais Tarau, c'est autre chose..." Que voulait-il dire par là ?

Je me demande si je devrais en parler à quelqu'un de son état. Peut-être que son état cache un réel problème... Et de par sa position, cela pourrait être catastrophique...
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Quatre Ashen

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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:15

Dydd Gwener, 8ème jour du mois du Royaume, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


J'ai continué à passer mon temps avec Vorlen. Maintenant qu'il est de retour, je voudrais rattraper tout le temps perdu.

Cependant, je ne sais pas trop quoi penser de ce qui s'est passé hier. Nous étions allés à la taverne pour boire un peu, puis parler de tout ce temps. Je ne savais vraiment pas quoi prendre, alors j'ai laissé à la serveuse du Phénix le choix. Elle m'avait apporté ce que je jugeais un simple jus de fruit. Lorsque je buvais, je trouvais cela bon et je n'y trouvais que le goût et l'odeur des fruits. Vorlen avait décidé de ne rien prendre. Nous parlions, nous parlions et je continuais de boire. J'ai dû prendre trois ou quatre verres de ce cocktail. Tout me semblait normal, je me sentais bien. Puis peu à peu, je me sentais flotter, comme si mon cerveau avait du mal à assembler correctement mes pensées.

Dans la conversation, Vorlen me demanda si j'avais revu Aztaea. Sans doute à cause de l'alcool, je me sentais en quelque sorte trahi. Il n'avait pas le droit de me poser cette question ! Alors qu'il savait ce que je ressentais, pourquoi me demandait-il cela ? Je ne savais plus trop... Dans l'état où j'étais, j'avais l'impression qu'il trichait. Qu'il violait en quelque sorte un contrat dans lequel je ne devais pas lui montrer que je l'aime et que lui ne devait pas m'impliquer d'une quelconque manière avec Aztaea.

Peut-être est-ce cette pensée qui me mena à vouloir "tricher" aussi... En me levant, je pouvais voir les effets de l'alcool. Je n'arrivais pas à tenir très droit. Mais sur le moment, je ne m'en aperçu pas, un autre effet de l'alcool sans doute, qui me cachait que j'étais véritablement saoûl. Il trichait ? Alors je tricherai aussi. Je m'étais approché juste devant lui. J'allais tricher... Je me mis légèrement sur la pointe des pieds pour être exactement à sa hauteur et me laissai basculer en avant, pour l'embrasser... Enfin... Juste poser mes lèvres sur les siennes.

Maintenant que je repense à tout ca, c'était vraiment agréable de pouvoir enfin faire ça, même si sur le moment, l'alcool me dirigeait et que je n'y pensais pas totalement. Je trouvais le contact très doux et très agréable. Mais je m'en veux aussi de le lui avoir fait subir. Je pense qu'il n'a vraiment pas dû ressentir cela de la même manière que moi. Il a sans doute détester... Est-ce qu'il pensait à tout ce qu'il m'avait dit dans mon précédent cauchemar ? Peut-être que oui, et qu'il me l'aurait dit si je ne m'étais pas évanoui dans la seconde qui suit.

Car rapidement, je revenais plus ou moins sur terre et tout l'alcool que j'avais ingurgité m'assomait. Sans vraiment m'en apercevoir, je reposais déjà complètement sur le Spawn et m'endormit d'un seul coup sur son épaule.

Le réveil fut brutal ! Vorlen avait prit une bonne dose d'eau froide et me la versa sur la tête. Il me fallut du temps pour reprendre vraiment mes esprits. J'étais assis sur une chaise, face à une table, toujours dans la taverne. Il me regardait calmement. Etonnament, son regard et l'eau froide finir de me désaoûler. Je prenais conscience de ce que j'avais fait ! Je l'avais embrassé ! Cette fois-ci, c'était sûr, il allait m'en vouloir à mort ! A peine était-il rentré que j'avais déjà tout gâché ! Pourtant, il semblait rester calme, il me disait que ce n'était pas si grave, que j'étais saoûl, qu'il comprenait et que je ne devais pas me prendre la tête avec tout ça. Malgré tout, je n'arrivais pas à être rassuré...

Finallement, nous sortîmes de la taverne pour prendre un peu l'air. Il continuait de me rassurer quand il voyait que j'étais vraiment angoissé. Pourquoi fallait-il que je le trouve si parfait à chaque fois avec moi ?



Il me parla de Well, me demandant si je l'avais vu et s'il m'avait dit quelque chose. Je suppose qu'il voulait savoir si Well m'avait parlé de leur rencontre en dehors de la ville. Je lui répondis bien évidemment que oui. J'ajoutais que Well ne semblait toujours pas aimé le Spawn, puisque la dernnière fois,il m'avait encore recommandé de me méfier de lui. Cependant, je ne pouvais pas le croire. La manière qu'avait Vorlen de se comporter avec moi après ce qui venait de se passer me le montrait largement. Je pouvais avoir confiance en ce vampire. Well ne devrait pas parler de ce qu'il ne connait pas !

Vorlen devait me donner une autre preuve de la confiance que je pouvais lui accorder lorsqu'il me demanda si je pouvais lui donner de mon sang. J'acceptais avec empressement, et il me mena dans une ruelle discrète, vraiment sombre. J'étais peu rassuré dans cet endroit, mais avec lui, je n'avais pas peur. Il m'avait attrapé la main et me guidait assez loin dans ce chemin, probablement pour être sûr que personne ne le dérangerait. Il me poussa un peu brutalement contre un mur avant de s'approcher de moi. Dans le noir, j'arrivais vaguement à voir sa forme... Je resentis plus que je ne vis ses bras de par et d'autre de ma tête lorsqu'il s'appuya contre le mur, me regardant un instant, avant de me tenir fermement par les avant-bras et de plonger dans mon cou. Il me mordit assez fort, presque brutalement. Je sentais ses mains me tenir très fortement, et je remarque alors que j'écris qu'il m'a laissé quelques marques sur les avant-bras.

J'aimais assez quand il était comme ça. Il me donnait l'impression d'être tout puissant et de ne pas vouloir que je m'en aille... comme s'il me désirait. Je savais que je pouvais lui faire confiance, mais je lui donnais une autre chance de me le montrer alors que nous avions parlé quelques minutes plus tôt des mises en garde de Well. J'arrivais à dégager mon bras droit de son emprise et alors qu'il était toujours sur moi, je lui appuyais légèrement sur la tête en tendant un peu plus mon cou. Ses canines s'enfoncèrent plus profondément dans ma gorge ; je les sentais qui se frayaient un passage à travers la chair et le sang. De quoi me tuer si Vorlen le voulait vraiment... Mais il restait prudent et continuait de me draîner sans que je sente à un seul instant que ma vie soit en danger. Même lorsqu'il s'arrêta, que je sentis les canines se retirer petit à petit, il resta penché un instant sur mon cou. Ce n'était cependant pas de l'amour, ce n'est pas comme si moi j'étais resté ainsi. Il devait me considérer comme un simple donneur, mais du moment que cela me permettait de rester avec lui et que lui reste ainsi, cela me convenait...

La fatigue m'empêcha de distinguer quelque chose. Désormais, j'étais dans le noir le plus complet, et après avoir tatonner, Vorlen me saisit les mains et me guida en dehors de la ruelle. En chemin, il me demanda pourquoi j'avais peur dans le noir... si je craignais les autres vampires... Je lui répondais que je craignais le noir parce que je ne savais pas ce qui s'y trouvait. Je lui dis que je voulais qu'il reste le seul vampire à pouvoir me toucher et prendre mon sang et que ce n'est que de ce point de vue que je craignais les autres...

A force de marcher, nous nous étions retrouvés chez moi... C'est là que nous nous sommes séparés, mais j'espèrais le revoir... Malgré tout ce qui s'était passé. Le fait qu'il ait voulu boire mon sang me rassurait... Pour qu'il fasse cela, il ne devait vraiment pas m'en vouloir... Nous nous reverrons...
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:16

Dydd Gwener, 22ème jour du mois du Royaume, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Me voilà enfin de retour ! Après cette longue décennie… Que dis-je ! Cela fait bien plus que ça que cet imposteur avait pris ma place… Mais passons. Après tout ce temps, j’ai enfin pu reprendre possession de ce corps qu’il m’avait injustement ravi. Que le temps m’a semblé long. Être proscrit dans son propre corps. Voir, sentir, penser, mais constamment rester en second plan, sans jamais pouvoir parler ou faire un geste voulu. Être dans la tête de l’autre et devoir supporter ses pensées à longueur de temps. Son pacifisme stérile avait de quoi me rendre fou. J’ai maintes fois cru qu’il allait s’apercevoir que j’existais toujours, ce qui aurait pu éventuellement renforcer ses défenses à mon éventuel retour. Mais grâce aux dieux, cela n’est jamais arrivé.

Ce pauvre petit idiot avait été incapable de percevoir les changements de Vorlen ! Comment pouvait-il rester aveugle à ses mutations dans son comportement alors que tout me sautait aux yeux ? Avec le vampire, l’espoir renaissait en moi de pouvoir enfin revenir. Que Vorlen affaiblisse suffisamment cet imbécile, et toutes ses protections inconscientes contre moi tomberont une à une et me permettront d’enfin reprendre possession de ce qui m’appartient de droit.
C’est ce qui se passa justement. Lorsque enfin Vorlen ne put plus supporter sa présence, il se dévoila. Le capturant à l’aide de vampires de ses amis, il le tortura d’une manière horrible. Je ne ressentais pas la douleur, mais j’étais malgré tout peiné des dégâts faits à mon corps. Enfin, il fallait bien cela. J’entendais les pensées de l’imposteur. Il était terrorisé par la tournure que prenait les évènements. Il ne s’attendait pas à ce que le Spawn soit devenu comme ça. Quant à moi, je retrouvais enfin le Vorlen que je connaissais après des années de doute.

Permettant à mon alter ego de se reposer quelques instants, je profitai de ce temps pour enfin reprendre possession de mon corps. J’avais pu m’apercevoir qu’il était épuisé, démoralisé et qu’il ne croyait plus en rien. Il n'avait surtout plus sa volonté de lutter et cela fut facile de l’écarter définitivement.
Je mis plusieurs secondes à réaliser qu’enfin, je me retrouvais pleinement dans mon corps, sans limite ! Lorsque Vorlen revint pour continuer son si intéressant travail, je me faisais reconnaître. Il souriait, lui aussi semblait content de me revoir.
Enfin je pouvais respirer par moi-même ! Enfin je pouvais bouger par moi-même ! Je ne me sentais plus prisonnier de rien ! L’esclavage et la subordination étaient finis ! Il fallait que j’en profite. Toutes ces années dans ce corps inoffensif pour lui et les autres m’avaient exaspéré ! Je voulais enfin vivre ! Vivre et donner la mort !

L’avantage de cette longue captivité aura été de me donner conscience de l’importance de la vie, du moins de la mienne. J’ai perdu cette volonté que j’avais de mourir. Pourquoi chercher la mort alors que la vie peut encore m’apporter tant de plaisirs ? Parmi tous ces plaisirs, il est celui de tuer. Au marché, Vorlen m’apporta une femme, ni trop jeune mais toujours d’un charme enchanteur. Je savourais cette vision et profitais de mes moyens pour en retirer petit à petit la vie… Cela m’avait tant manqué ! Toutes ces années d’innocence et de bonté ! Il était temps qu’elles cessent !

Une fois mes pulsions retombées, je pouvais reparler à Vorlen. Bien qu’il me semble de nouveau agir bizarrement par moment, je pense qu’il restera définitivement du côté du mal. Son histoire me le confirma en me parlant de sa rencontre avec Acksar. Je doute que l’on puisse tromper un tel être qui est à l’heure actuelle la menace la plus lourde pesant sur Merkia, ce qui en fait les évènements que je désire le plus pour remettre un peu d’animation dans cette ville restée trop longtemps arrogante et sûre d’elle-même et de sa puissance.

Le danger vient désormais de Tarau et de Ghadet. Ghadet m’a aperçu au marché lorsque je me divertissais avec cette femme. Bien qu’il ne soit pas très crédible, je crains qu’il ne puisse lever un coin du voile sur cette couverture d’homme honnête et innocent que j’aimerais garder quelques temps pour pouvoir profiter de la liberté de mouvement que cela me donne. Le problème plus sérieux vient sans aucun doute de Tarau. Blessé après un combat, Vorlen l’a cru mort. Il faut dire que lui aussi à un intérêt dans sa mort. Il a à coup sûr transpercé sa véritable nature et il est très probable qu’il est fait de même avec moi. Il devient donc un danger potentiel pour nous deux. Well le voleur nous a appris que Tarau était à l’infirmerie du château. Il ne faudrait pas qu’il ait le temps de parler de nous… Il ne faudrait pas qu’il s’en sorte…


Le seul moyen d’obtenir un répit serait de pouvoir s’introduire dans le château discrètement et d’atteindre Tarau. Je compte m’y préparer dès que possible ! Il ne doit pas survivre et parler de nous…

Notre idée première à Vorlen et à moi était de se faire dresser un plan par quelqu’un qui connaîtrait bien le château. Nous étions tombés sur Ghadet. Ce Kender devrait parfaitement faire l’affaire. Il fallait néanmoins le convaincre et « mon » vampire s’y entendait plutôt bien. J’admets également qu’il est difficile de s’opposer à ses arguments pour le moins saignants… Alors qu’il s’éloignait déjà avec notre aimable assistant, je m’occupais d’un minotaure assez encombrant. Nous semblions enfin tranquilles lorsqu’une créature que je n’avais encore jamais vue nous apparut et réussit à embarquer notre Kender. J’essayais de l’immobiliser avec ma glace. Je la ratais. Je dois reconnaître que Vorlen n’y était pour rien dans mon échec mais j’avais besoin de passer mes nerfs sur quelqu’un après cet échec ! Nous avons eu quelques mots. Je lui disais que je le trouvais stupide, incompétent, idiot…
A peine pouvais-je enfin lui reparler de vive voix que nous nous énervions l’un contre l’autre ! Il me disait que je n’étais pas en position de lui faire des reproches. Cela me fit encore plus voir rouge. Pour qui se prenait-il ? Et pour qui me prenait-il ? A-t-il cru que j’étais comme l’autre ? Il ne m’aura pas de cette manière ! Je ne me plierai pas à sa volonté pour obtenir ce que je veux. Croyait-il donc pouvoir me dominer comme il dominait l’autre idiot ? Ah mais si c’est ce qu’il pense, il va bien vite s’apercevoir que ce n’est pas le cas !

Evidemment, je n’ai rien contre lui, nous sommes du même côté lui et moi, et lorsqu’il prenait le sang de mon corps, c’est un des rares moments durant toutes ces années où je me sentais bien. Mais ce n’est pas pour autant que je m’abaisserai face à lui. Ce n’est vraiment pas mon genre !

Enfin… Alors que nous nous « expliquions », cette créature, que j’identifiais comme une harpie par le long cri perçant qu’elle poussa, revenait à l’attaque. Son cri était horrible et j’avais l’impression que ma tête allait imploser. A peine son hurlement fait, elle repartit dans les airs mais je repérais sa direction. Elle devait aller vers les plaines. Nous nous y rendîmes pour livrer un combat contre elle. Peut-être savait-elle beaucoup trop de choses aussi… Ghadet avait peut-être parlé de nos projets, et ce qu’il savait était suffisant pour deviner nos projets concernant Tarau pour un esprit un tant soit peu doué de logique. Je cherchais à la blesser par des pics de glace, mais cette harpie de son côté savait maîtriser le feu. Elle n’eut aucun mal à parer mon attaque. Je cherchais alors à l’immobiliser avec mon pouvoir sur la flore. Je me concentrais pour faire sortir de terre des plantes grimpantes afin de la ligoter. Là encore, elle parvint à parer mon attaque. Ce combat risquait d’être amusant… j’allais pouvoir voir s’il me restait suffisamment de savoir-faire pour en venir à bout. Vorlen se servit lui aussi de magie… La sienne était plus puissante, mais pourtant, notre adversaire parvenait à esquiver tant bien que mal. Elle repoussa un de ses longs cris perçants et je dus me boucher les oreilles. Cela me déconcentra car j’avais l’impression que son cri prenait tout l’espace et qu’il pénétrait tout sur son passage, comme une force irrésistible. Durant mon moment d’inattention, elle reprit son envol et s’écrasa sur mon dos, m’entaillant la peau avec ses longues griffes, avant de se retrouver sur Vorlen en un coup d’ailes pour lui infliger les mêmes blessures mais sur le côté et vers le ventre. Déjà, elle reprenait de l’altitude, cherchant sans doute à lancer une nouvelle attaque. Son cri m’avait épuisé. Je lançais toutes mes forces dans une attaque frontale… Trois, six, neuf pics de glace partirent en sa direction. Elle réussit à presque tout les éviter mais l’un d’eux resta planté dans son aile. Elle s’écrasa lourdement au sol. Il fallait que je fasse un dernier effort. Je jetais mes toutes dernières forces sur mon pouvoir sur la flore. Les branches surgirent du sol pour l’y attacher.

Enfin, nous allions pouvoir souffler un peu. Vorlen se dirigea vers elle pour régénérer ses blessures en prenant la propre force de la harpie. Un bon point pour lui, cela avait le double mérite de le rendre plus fort tandis qu’elle s’affaiblissait d’autant plus. Quant à moi, il était hors de question que je tente de me soigner tout de suite. Je n’avais plus la possibilité de lancer des sorts. Le faire m’aurait immédiatement plongé dans le noir. Il a fallu attendre et tandis que j’écris, je suis en train de me régénérer enfin…

Je sortis mon épée pour menacer notre prise. Elle combattit encore quelque peu, arrivant à briser mon épée. Mais alors qu’elle semblait définitivement maîtrisée, un nouveau facteur rentra en jeu…
Un dragon, un énorme dragon apparut, doué de parole… Il chercha à savoir ce qui se passait ici. Je réfléchissais à toute vitesse. Vu mon état, je ne pouvais pas faire le poids. Quant à mon brave vampire, tout téméraire et endurant qu’il soit, je doute qu’il puisse combattre également. Cela devait expliquer son action. Lançant un dernier sort comme diversion, il nous permit de fuir pour éviter ce combat perdu d’avance…

Notre situation devient plus précaire. Alors que nous comptions rester discrets en attendant de voir comment les choses évoluent, il ne fait aucun doute que beaucoup s’apercevront bien vite de mon retour. J’ai également appris que j’étais recherché par la garde impériale pour meurtre… Tout de suite les grands mots… Je l’ai juste tuée…

Je devrais éviter de rester trop longtemps chez moi. Je vais me préparer à la quitter à tout moment, au cas où… Prendre le strict minimum avec moi… Et aviser avec Vorlen… Après tout, c’est lui qui tient son pouvoir d’Acksar…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:17

Dydd Llun, 25ème jour du mois du Royaume, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Le clan des vampires s’agrandirait-il de jour en jour ? Ce qui est sûr, c’est qu’il y en a un nouveau dans la ville. Il s’est présenté sous le nom de Luciano. J’ai l’impression qu’il est un brin arrogant. Encore que, cela n’est pas pour me déplaire. Apparemment, il a un caractère assez fort, ou en tout cas, il me paraît avoir beaucoup de fierté. J’aime assez ce genre de personnages… On aime toujours ce qui nous ressemble.
Vorlen et moi avons décidé de lui montrer la ville et ce qui est très important pour des gens comme eux : les endroits souvent très fréquentés. C’est naturellement que nous sommes allés au marché. J’étais assez curieux de voir sa manière d’opérer. Une chose est sûre, il a bon goût. Son choix de victime s’est porté sur une femme d’un âge parfait, à la douce beauté. Il dispose cependant d’une curieuse manière pour attirer sa victime. Il ne les force pas mais semble dominer leur volonté par je ne sais quel philtre étrange. Du moins c’est l’impression qu’il m’a donnée lorsque je l’observais de loin.

Néanmoins, je ne pouvais rester non plus sans rien faire. Si au départ j’étais assez peu enclin à m’amuser cette nuit-là, une promesse de Vorlen me motiva pour au contraire trouver des occupations. Je me rappelais avoir lu dans un de « ses » nombreux livres une coutume particulièrement étonnante d’un pays situé très loin à l’Est. Là-bas, ils tiennent tellement à leur honneur qu’ils ne peuvent vivre s’ils le perdent. Leur suicide s’en trouve très ritualisé. Je voulais tester cela sur une quelconque victime. Je trouve toujours terriblement excitant de donner la mort ou de la frôler. Cela explique sans doute que j’apprécie la compagnie des vampires et de Vorlen.
Je trouvais une jeune femme, jeune mariée je pense selon sa tenue. Avec un prétexte facile, je l’attirais dans un coin plus tranquille et m’occupa à l’immobiliser tout d’abord. Je suivis ensuite ce protocole que j’avais lu… Après tout, je ne faisais qu’agrandir ma culture. Avec ma dague, j’incisais le bas du ventre de la jeune fille. Pour la faire taire, je perçais à nouveau sa trachée afin qu’elle ne puisse plus produire qu’un souffle rauque. Une fois l’incision faite, je parvenais à glisser ma main dans le ventre de ma victime pour en sortir les entrailles mais sans les rompre. Dans le même temps, je contemplais son visage de douleur, tentant de faire ces cris qui ne sortaient pas.
A ce stade, les habitants de ce pays se font trancher la tête par un assistant pour mettre fin à la douleur insoutenable. Je trouvais cette fin beaucoup trop rapide. Je voulais faire durer mon plaisir. Je me contentais de trancher légèrement sa jugulaire. Le débit de sang très lent allait tuer petit à petit. Je la regardais doucement glisser le long du mur alors que la vie l’abandonnait…

Par la suite, je rejoignais Vorlen tandis que Luciano nous avait quitté. Il souhaitait prendre de mon sang. Héhé… Que croyait-il ? Que j’allais me laisser faire sans opposer la moindre résistance ? Non, je voulais marquer ma différence par rapport à l’autre. M’affirmer comme pleinement différent. S’il voulait m’avoir, il devait lutter pour ça, me montrer qu’il était le plus fort et pas que je donnais mon sang à un faible !
Il cherchait à m’attraper par les bras pour m’immobiliser… Ridicule. Il voulut alors passer derrière moi avec sa vitesse de déplacement. Ridicule aussi, je parvins sans souci à le faire virer et à le mettre à terre. Je voulais l’énerver, je voulais qu’il me montre de quoi il était capable. Il ne tarda pas effectivement à reprendre le dessus sur moi. Je finissais par me retrouver hissé au-dessus du sol, étouffant sous sa pression qu’il exerçait sur mon cou. Le manque d’air finit par me vaincre. Je tombais au sol lorsqu’il me relâcha. Il me releva et chercha à me maintenir pour tranquillement me drainer. Encore une fois, je cherchais à lutter contre lui, mais il me mordit plus fortement au cou, cela en devenait douloureux. Il me maintenait dans le même temps plus fermement, me faisant mal dans son étreinte. Mais j’aimais ça, il me justifiait les raisons qu’il avait sur moi. Il me montrait que je devais me plier à sa volonté parce que c’est lui qui était le plus fort d’entre nous deux. Il prenait possession de moi par la violence. Je crois en la violence, la violence est ce qui régit le monde…

J’ai passé la nuit chez lui. Sa maison est devenue plus sûre que la mienne depuis que je sais que je suis recherché. En examinant mon cou, je m’aperçus que jamais il ne m’avait laissé une marque aussi profonde.
Cela me fit réfléchir. Je voulais montrer, par la violence également, que moi aussi je pouvais être aussi possessif que lui… Je voulais employer ma journée à cela…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:17

Dydd Iau, 28ème jour du mois du Royaume, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Je voulais à tout prix cette fois-ci dominer Vorlen comme lui-même m’avait dominé depuis tout ce temps. Pour cela, il fallait que je réussisse à le vaincre. Lors de notre dernier combat où il finissait encore une fois à avoir le dessus sur moi, j’appris beaucoup. J’observais ses déplacements, sa manière d’attaquer. Dans mon sommeil, toutes ces informations se rangèrent en bon ordre. Je savais comment devait se passer ma journée, je savais, s’il devait y avoir un combat, comment réagir, je savais enfin quand attaquer, et comment.
Il me fallait le provoquer tout d’abord. Il me parla d’Aztaea. Je me rappelais d’elle. Je percevais toutes les pensées de « l’autre » quand j’étais prisonnier. Je m’amusais de le voir devenir jaloux et envieux de cette fille. Je profitais de ses larmes intérieures qui coulaient en lui parce qu’il se refusait à pleurer devant Vorlen.
Mais je dois dire que je m’inquiétais de l’intérêt que portait le vampire à cette fille. Je voulais savoir comment se manifestait cet amour. Il me semblait y voir une contradiction dans la manière d’aimer cette fille et ce qu’il affirmait être. En le poussant un peu, je réussis à trouver en lui toute la combativité et la violence qu’il se devait d’y avoir dans une relation qu'il entreprendrait. Il me garantissait que Aztaea allait lui appartenir, avec ou contre sa volonté. Le vampire allait forcer cette fille à quitter l’homme avec qui elle se trouvait actuellement, et il allait la forcer à l’aimer…

J’étais assuré que Vorlen était bien du côté du Mal. Sa manière de concevoir les choses, de considérer Aztaea était vraiment en phase avec qu’il se disait être. Mais je ne voulais plus que cela se retourne contre moi. Cette volonté de possession exacerbée, qui était légitime envers cette fille ne l’était pas avec moi ! J’avais un caractère assez fort pour pouvoir m’opposer à lui. Et nous étions dans le même camp. Lui et moi comprenions que seul la violence permettait de nous séparer, de dire qui avait raison en imposant sa volonté à l’autre.
Après la discussion que nous avions eue tous les deux et dans laquelle je le poussais de temps, il finit par vouloir s’en aller. C’est maintenant que je voulais atteindre mon but… Pour cela, il fallait que je l’immobilise. Je lançais une première attaque. Je n’espérais pas gagner avec ça, mais au moins attirer son attention. Je lançais de la glace sur ses jambes pour l’empêcher de continuer sa marche. Bien facilement, il parvint à s’en libérer, simplement en retirant petit à petit ses jambes de la gangue de glace. Je dois avouer que sa force m’impressionnait. Il était capable de sortir de cela apparemment très facilement. Mais je ne me démoralisais pas. Le vrai combat commença alors. En l’ayant observé, je savais qu’une attaque frontale ne servirait à rien contre lui. Il faudrait réussir à l’affaiblir pour ensuite pouvoir, par quelque sort, réussir à l’empêcher définitivement de bouger.
Il commença par avoir le dessus. Mes attaques répétées étaient facilement évitées. Je devais encaisser ses nombreux coups, notamment lorsqu’il se mit à tourner si rapidement autour de moi que je ne pouvais plus le distinguer, sauf lorsqu’il m’apparaissait une fraction de seconde, au moment où il portait des coups à mon visage. J’avais déjà essayé de l’immobiliser en appelant à moi la flore et en essayant de le bloquer avec des rameaux. Pour se protéger, il fit apparaître un dôme de protection ou quelque chose du même acabit. Je ne pouvais plus rien faire qu’espérer qu’il relâche sa garde tôt ou tard. En attendant, je continuais d’encaisser les coups. Et à chaque coup, je comptais combien de temps il m’apparaissait… C’était une très courte manœuvre pour agir.
Puis je décidai de me lancer au moment où il était devenu suffisamment sûr de lui pour laisser sa protection ! Je l’aperçus, et je lançais trois pics de glaces sur lui. Sa vitesse lui permit d’en éviter deux, mais un troisième vient le percer vers l’abdomen. Allons, pas de crainte à avoir pour lui, c’est un Spawn, il ne mourra pas de ça… Il est déjà mort. Mais cela le déconcentra et j’en profitais pour relancer les lianes à l’assaut. Elles parvinrent à l’immobiliser. Pour plus de sûreté, je le recouvris de glace sur presque tout son corps, m’arrêtant vers le torse.

Tout était fait. J’avais réussi à gagner. Il ne pouvait plus bouger et il était en mon pouvoir, à moi seul. Je voulais me venger de lui. Imprégner ma marque sur lui, comme il m’avait déjà tant de fois placé sa marque sur mon cou… Les premiers instants, je restais sans bouger, reprenant mon souffle après le combat, savourant le parfum de la victoire…
Je réfléchissais à ma manière de consommer cette issue heureuse pour moi. Petit à petit, une idée se fit jour en moi… Un peu comme si j’étais en train de rêver, ne sachant plus très bien ce que je faisais, je pris ma dague, et commençait à l’approcher de son cou ! Vorlen n’essaya pas de se débattre, tout juste me regarda-t-il avec un soupçon de peur lorsque je sortis l’arme (Il connaît la peur, lui ?). Je lui disais que je ne voulais pas le tuer. N’importe comment, j’aurais eu bien du mal à atteindre son cœur dans la gangue de glace qui l’emprisonnait.
Je voulais simplement agir comme lui… Je lui fis une entaille puis me reculais légèrement pour regarder le résultat. Son sang commençait à couler et je contemplais cela vaguement hypnotisé… Devinant mes intentions, il me pressa d’agir vite mais je refusais de recevoir de lui quelque commandement que ce soit. N’avait-il pas compris ? J’avais gagné ! Cette fois-ci, c’est moi qui choisissais que faire et quand le faire !
Mais il faut dire que voir son sang couler me rendait bizarre et songeur. Mais je refusais de céder à toutes mes pensées et alors que j’avais commencé à m’approcher lentement de lui, je le saisis pour l’attirer plus rapidement à moi et mettre fin à mes hésitations…

Ce que je ressentais était bizarre… Buvant son sang, je me sentais devenir plus fort, mais je savais que cela ne tenait uniquement qu’à moi. Ce goût n’était pas désagréable, mais je savais qu’il ne m’était d’aucune aide. La puissance que je ressentais venait plutôt du fait que pour une fois, c’est moi qui lui prenais quelque chose d’aussi intime que son propre sang. Etre dans cette position, me rassasier de ce qu’il aimait tant chez les autres… j’avais l’impression d’acquérir tous ses pouvoirs, toute sa force…
Je buvais et buvais, avant que la raison ne revienne à moi. Du sang… Cela ne devait guère être bon pour moi que j’en prenne tant, peut-être allais-je mal y réagir ? Je décidais de m’arrêter de le drainer.
C’est une fois arrêté que je compris ce que je venais de faire… J’avais fait quelque chose d’horrible, j’avais modifié les rôles, j’avais fait ce que seul Vorlen avait le droit de faire… J’avais changé les règles de la nature. A peine venais-je d’arrêter que je regrettais mon acte. Oui, c’était assez agréable, oui j’avais aimé ça, j’avais même beaucoup aimé ça, oui, j’aurais pu recommencer une prochaine fois… Mais je compris que je n’avais pas le droit de faire ça… Seul Vorlen a le droit, seul un vampire peut agir de cette manière… Pas moi. La nature est ainsi faite… Je m’étais d’ailleurs servi de ma dague pour l’ouvrir…
Désorienté, je reculais et tombais à terre. Vorlen s’assura dans un premier temps que j’allais bien.
Je voulais lui rendre ce que je considérais lui avoir dérobé. D’autant qu’il me dit avoir besoin de sang tout de suite pour récupérer de l’état dans lequel je l’avais mis. Culpabilisé, je ne m’opposais en rien à sa décision. Je lui avais volé son sang, c’était son droit de le récupérer. Il m’aida à me relever et je le laissais approcher de moi. Je lui offris largement mon cou. Contrairement à la dernière fois, je ne luttais en aucune manière. Ce qu’il faisait était légitime, c’était ma manière de me faire pardonner. Il voulut cependant que je comprenne tout le mal que j’avais fait. Il reprit ma dague, la posant sur mon cou. Sans bouger la lame, il se plaça derrière moi comme à son habitude, puis ramena l’arme vers lui, me faisant une entaille. C’était bien plus douloureux que lorsqu’il m’ouvrait une plaie de lui-même. Lentement, je me faisais à l’idée que ce que j’avais fait était doublement horrible. Par mon état, je n’avais pas le droit de boire son sang, mais par la manière dont je l’avais fait, cela aggravait les choses.
Il posa sa bouche sur la plaie et ne fit rien d’autre que boire le sang qui coulait. Je compris là que c’était terrible de faire de cette manière-là. Je ne ressentais rien, au contraire, c’était presque douloureux qu’il opère comme ça. Pas une douleur physique, non… Plutôt… je sais pas trop comment le dire… Une douleur intrinsèque… Parce qu’il ne ferait pas les choses jusqu’au bout. Je priais intérieurement pour qu’il prenne mon sang d’une manière normale. J’avais compris la leçon…
Il ne tarda pas à le faire, je sentis ses dents se glisser dans ma blessure pour aller chercher le sang plus en profondeur. Comme à son habitude toujours, il croisa ses bras sur moi pour que je ne bouge pas trop. Peu de risque… Je le sentis s’arrêter quand il avait prit la quantité exacte de ce que je lui avais moi-même pris.

Il m’avait lâché et je ne bougeais toujours pas, le temps que je me remette de mes émotions et de ces sensations que j’éprouvais toujours quand il me prenait mon sang. Je pensais que tout allait pouvoir rentrer dans l’ordre… Je m’étais fait pardonner.
Mais en une fraction de seconde, il s’était rejeté sur moi, croisant non seulement sur moi ses bras tout en me plaquant plus vigoureusement contre lui. Immédiatement, je refusai de me laisser faire ? Que croyait-il ? J’avais assez payé ! S’il voulait encore boire de mon sang, il pouvait me le demander, mais je ne lui permettais pas de me drainer sans que je le veuille.
Je me débattais, essayant de lui faire face. Je finis par y arriver, mais lui n’avait pas cessé sa prise sur moi. Ses dents étaient restées plantées dans mon cou pendant tout ce temps. Une longue blessure cernait ma gorge désormais. Une douleur assez horrible. Enfin, il me lâcha.
Immédiatement, je lui criais dessus. Dans quel état m’avait-il mis ? Se rendait-il compte ? Jamais je n’avais été aussi remonté contre lui !
Enervé, je lui dis que plus jamais je ne voudrais qu’il me touche. Peut-être me donnerai-je à d’autres vampires, mais certainement pas à lui !


Luciano, peut-être…?
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:18

Dydd Mercher, 4ème jour du mois du Peuple, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Quels changements pour moi ! Tout me paraît si différent et en même temps si excitant ! Mais il vaut mieux que je parle des choses dans l’ordre.

Tout d’abord, Ookami sait désormais qui je suis, qui je suis vraiment. Elle ne m’a pas semblé particulièrement atteinte par cette nouvelle. J’ai l’impression qu’elle est devenue froide, distante. Quelque chose a dû lui arriver, mais quoi ? Elle tue plus facilement, c’est une très bonne chose, mais elle n’en paraît pas ravie. Enfin, ni ravie, ni contrariée. Juste… indifférente. J’aimerais pourtant qu’elle prenne un peu de plaisir dans ce qu’elle fait ! Ce serait tellement plus agréable pour tout le monde.
Elle n’est pas encore au point. Je l’avais cru pourtant, ce qui m’a fait commettre une erreur. Peut-être lui ai-je trop parlé. Je lui ai appris ce qui se passait, ce qui allait arriver. La guerre, Acksar, Merkia qui ne tarderait pas à tomber. Je pensais qu’elle allait nous rejoindre, son côté sauvage prenant le dessus. Mais elle n’en a rien fait. Elle me dit qu’elle va rester neutre, ou plutôt, qu’elle ne sait pas ce qui est le mieux. Là encore, elle est complètement indifférente à ce qui se prépare !
Je crains qu’elle ne se mette à en parler. Après tout, qu’est-ce qui l’en empêcherait ? Ce qui est amusant, c’est qu’elle sait que je n’aurais aucun mal à la tuer si elle était un danger pour nous. Elle m’en a fait la remarque. Evidemment que je pourrais le faire, mais bon… J’avoue que l’allier à moi, qu’elle fasse partie de notre camp me réjouirait. Une belle famille en quelque sorte.

Un autre événement est un nouvel affrontement avec Vorlen. Je le trouvais assis dans une ruelle, contre un mur, misérable. Il me paraissait de plus en plus étrange. Je n’hésitais pas à lui faire part de mes sentiments d’ailleurs. Comme je le lui disais, il avait tout du mendiant ainsi. Il disait qu’il s’en moquait de ce que je pouvais penser. Une fois encore, je le trouvais différent de d’habitude. Comme déçu de plein de choses, déçu de sa vie. Je le voyais sans entrain. Puis tout à coup, il se mit à changer à nouveau, à se montrer plus agressif, tel qu’il devait être, il faut bien le dire.
Je le vis tendre sa main vers moi, puis la serrer dans le vide. Immédiatement, je sentis que j’étais… comme comprimé. Comme si j’étais pris dans des liens. Que voulait-il faire à nouveau ? Se venger encore ? Cette fois-ci, je ne pouvais strictement rien faire. Mes bras plaqués sur le long de mon corps ne me permettaient pas d’utiliser ma magie. Devais-je encore subir ? Hors de question ! Je ne voulais pas me soumettre encore une fois. Pas une deuxième fois en si peu de temps.
Il me souleva dans les airs. Je ne me souviens plus très bien de ce qu’il me dit à ce moment là. La colère me prenait tous mes sens. Je perçus cependant qu’il préparait de l’énergie. Une énergie tellement concentrée qu’elle en devenait solide, palpable. Il l’envoya sur moi, se dirigeant vers mon abdomen, me touchant et me blessant sérieusement. Puis il me laissa retomber lourdement au sol. Cherchant à me relever, je sentis qu’une pression énorme restait sur mes épaules. Il continuait de me maîtriser. Il me força à le suivre.

Vorlen me reconduit chez lui, me forçant à descendre dans son sous-sol, m’attachant à cette même chaise où il avait déjà torturé mon alter ego. On tournait en rond. Faisait-il une fixation sur moi ? Je ne pouvais cependant pas accepter qu’il me fasse ça à moi ! A l’autre, pourquoi pas ! C’est un faible, il est de ceux avec qui on peut s’amuser, voire tuer ! Et puis, cela m’avait permis de récupérer mon bien ! Mais moi, non ! Je suis un dominateur ! Je refuse qu’on me dirige où que l’on se serve de moi. Je ne suis pas de ces humains que l’on se sert pour s’amuser, pour les tuer !
En quelque sorte, il reprit là où il s’en était arrêté. Il avait une broche chauffée à blanc. Il la posa à travers mes vêtements mais je sentais déjà la chaleur intense. Son but avoué était de me faire du mal, de me faire souffrir. Il disait vouloir m’entendre crier, me voir pleurer, sentir ma peur. Pour qui se prenait-il ? Pensait-il pouvoir réussir à susciter chez moi de la peur ? Je ne peux peut-être pas contrôler ma douleur, mais la peur, je ne la connais pas.
Il sortit un instrument étrange, qu’en d’autres circonstances, j’aurais admiré. Un manche, auquel s’accrochaient des lanières de cuir qui se terminaient par des sortes de petits pics. Il me frappa avec. Ses pics traversèrent un instant mes vêtements qui furent déchirés quand il retira son arme. Un deuxième coup, et les pics se plantèrent dans ma peau. En les retirant, il m’arracha une partie de ma chair. Il recommença plusieurs fois, frappant à chaque fois plus fort. Evidemment, la douleur fut à un moment si importante que je ne pus m’empêcher de crier.
Il finit par s’arrêter, s’approchant de moi, me gravant un symbole étrange sur le corps, soi-disant pour faire en sorte que je sois pleinement de son camp. Alors qu’il se retournait contre moi ?

Puis à nouveau, il redevenait calme… Je le vis s’asseoir dans un autre coin de la pièce. Il me semblait las, usé, comme si son éternité lui pesait. Et là, je ne sais pas pourquoi, il s’est mis à parler de « l’autre ». Il me demandait si je le sentais en moi, si comme moi auparavant il luttait pour sortir. Mais dans ma tête je suis seul. Je sais qu’il n’est plus là, qu’il s’est facilement laissé tué pour que je puisse reprendre mon corps. Je sais qu’il s’est laissé mourir, car il en avait assez de toujours se sentir trahi.
Qu’il me semblait drôle. A toujours donner sa confiance à Vorlen, comme s’il s’agissait d’un être humain normal. Mais Vorlen est un mort, un démon, on ne peut lui faire confiance. Quel imbécile faisait-il, en tenant à des idées désuètes comme sa gentillesse, sa bonté ou encore son innocence. Vorlen paraissait vouloir le retrouver. Oubliait-il que c’était parce que lui-même avait brisé les idéaux de l’autre que ce dernier s’était laissé mourir ? Je dois dire effectivement qu’après la séance de torture qu’il lui avait infligée, je n’ai eu aucun mal à revenir à la surface…
Toutes ces idées, toutes mes réflexions, j’en fis part à Vorlen. Il me relâcha, me disant qu’il ne s’amusait plus. Ah bon ? Moi en revanche, je savourais ma liberté retrouvée et surtout, je savais ce qu’il me restait à faire.

Luciano avait proposé de m’aider si le Spawn se montrait toujours possessif envers moi, cherchant à me torturer ou me prendre mon sang sans mon consentement. Pour empêcher tout cela, il n’y avait qu’un seul moyen : devenir un vampire moi-même. Je dois dire que je réfléchissais beaucoup à la question ces temps-ci. Cela impliquait tant de choses. Ne serait-ce que dans mon propre rôle : je ne donnerai plus mon sang, mais c’est moi qui en prendrai. Cela allait-il me plaire ? Même si j’avais essayé sur Vorlen, ce n’était pas forcément un signe. Et puis, c’était mourir physiquement, ne vivre que la nuit, ne plus voir le soleil(Encore que… à bien y repenser… Avec toutes mes relations avec des vampires, sortais-je encore le jour ?). Sans parler de toutes les conséquences que je n’avais peut-être pas mesurées.
Mais ce qu’avait fait Vorlen m’avait révolté ! Plus jamais il ne pourrait faire ça. Libéré, le corps dans un piteux état, je me dirigeais vers les quais où je savais que Luciano avait élu domicile. J’errais un instant en espérant qu’il se montre, ce qui fut le cas. Après avoir rapidement expliqué la raison de ma venue, les inquiétudes que faisaient peser Vorlen sur moi, je lui reparlais de cette proposition qu’il m’avait faite. Acceptait-il toujours de m’aider ?

Car oui… J’étais prêt… J’étais prêt pour devenir vampire…

Il me fit entrer chez moi, me parlant une dernière fois des changements que cela allait entraîner. Cependant, ma décision était prise, il n’y avait plus à balancer.
Alors il s’approcha de moi, de mon cou… Cette fois-ci, cela allait être ma dernière… Inconsciemment, je me reculais. Pourquoi ? Je n’avais pourtant pas peur ! Je remis mes idées en place et abandonnais mon sort aux mains du vampire. Je lui faisais confiance, je n’avais pas le choix.
Me donner à un autre vampire que Vorlen me fit une impression bizarre. Car quand j’y repense, m’était-je donné à un autre vampire ? Volontairement ? Jamais. C’était la première fois qu’un autre que lui me touchait sans que je ne m’y oppose. Les sensations étaient quelques peu différentes ; mes réticences, je les fis taire bien vite car je ne voulais pas les entendre. Luciano me serra contre lui au fur et à mesure qu’il s’abreuvait de moi. Déjà, ma conscience commençait à disparaître et je partais dans ce lointain vaporeux que je connaissais à chaque fois que Vorlen me drainait. J’éprouvais du plaisir dans cet acte. Jouer avec la mort m’a toujours terriblement plu, sans doute est-ce pour ça que j’appréciais tant la compagnie des vampires… et de Vorlen. Mais cette fois-ci, ce fut différent, car il ne s’agissait plus d’avancer jusqu’à la frontière… mais de la franchir ! de dépasser le seuil de la mort !

Pour mieux renaître…

Les vampires ont toujours exercé sur moi une fascination hypnotique. La seule chose que je désirais quand Vorlen prenait mon sang, c’est qu’il en prenne encore plus ! A chaque fois, il s’arrêtait, me frustrant, m’empêchant de découvrir ce qu’il y avait derrière ce mur que je ne pouvais franchir et que je souhaitais pourtant ardemment découvrir… La mort…
Luciano s’arrêta… Je discernais mal ses mouvements, les objets me paraissaient flous. Je sentais que je vacillais. Il me retenait. Il se fit une entaille et me la présenta. Boire son sang… Comme je l’avais fait une fois déjà. Le point de non-retour cette fois-ci. Pas d’hésitation, surtout pas ! Le faire tout de suite et rapidement. Tout le sang qu’il m’offrit, je le pris, alors que dans le même temps, il recommença sa morsure, me vidant des dernières gouttes de mon sang. Je ressentis comme une explosion violente à l’intérieur de mon corps. Ce que Vorlen m’avait toujours refusé, je le découvris enfin. C’était si bon… Pourquoi m’avait-il refusé cela durant tout ce temps ?

Ce bonheur, cette extase même ! fut de courte durée. Pour une raison que j’ignore, j’eus soudain l’impression d’avoir bu de la lave. C’est un feu dévorant qui s’engouffrait en moi et une douleur, d’abord discrète, tenue, ne tarda pas à s’amplifier, jusqu’à devenir insoutenable ! Que m’avait Luciano ? Avait-il profité de moi ? Il souhaitait simplement prendre mon sang et me tuer après ? Il me traîna sur un matelas et m’y déposa. Alors… c’est ici que j’allais mourir ? Il m’avait trahi ?
La douleur fut immense, je criais le mal que je ressentais. Puis tout devint peu à peu noir autour de moi… Je sombrais dans le néant…
En me réveillant, je compris que Luciano ne m’avait pas trahi. Oui, il m’avait tué. Mais c’est ainsi que sont les vampires. Des morts. Il fallait que je passe par cette épreuve. En ouvrant les yeux, j’avais l’impression de découvrir un nouveau monde. Tout me semblait différent dans leur coloration. C’était plus beau aussi. J’arrivais à discerner des détails jusque là insoupçonnés.
Je posais une main sur mon cœur… Aucun battement… Je passais ma main devant ma bouche… Je ne ressentis aucun souffle… Quelle étrange impression ! Mais ça y’est…

J’étais devenu un vampire…

Luciano me mena à l’extérieur. La nuit… Elle était si belle. Les gens pensent que seul le jour mérite d’être encensé. Ils disent cela parce que c’est ce qu’ils voient. Le jour se voit.
Moi, je voyais désormais la nuit, et je compris qu’elle surpassait le jour en beauté. C’était si magnifique !
Luciano attira mon regard sur un marin solitaire. Mon premier repas ! J’allais enfin découvrir ce que cela faisait de prendre le sang de quelqu’un jusqu’à la mort. Facilement, je l’immobilisais. Par réflexe, je voulus le tuer comme j’en avais l’habitude, mais non ! J’étais désormais un vampire, il s’agissait pour moi de le garder en vie et de retirer cette vie.
Instinctivement, je sus ce qu’il fallait faire. Mes nouvelles dents déchirèrent la peau, cherchèrent dans le cou de cet homme la source dont j’avais déjà tant besoin. Elles la trouvèrent. Trancher… et commencer à boire…

C’était chaud, mais je ne parle pas seulement de la température ! C’était chaud de vie ! Je n’avais pas ressenti cela avec Vorlen, j’étais passé à côté de tellement de choses. Toute cette vie que je prenais. Des vies, j’en ai prises ! Mais toujours « indirectement », avec mes armes ou mes sorts… Pour la première fois, il s’agissait pour moi de tuer en retirant de la vie à la source même. Sa vie pour permettre à la mienne de survivre.
Trop obnubilé par ces sensations que je découvrais enfin, je ne pris gare à ce qui se tramait derrière moi. Déjà, une chasseuse de vampire me guettait et m’attaquait. Avec l’aide de Basard et de Luciano, je parvins à m’en débarrasser. Mais le reste devient confus. Je crois que me souvenir que cette intruse ne posait plus de problème quand soudain, une masse d’énergie se dirigea vers nous… Plus précisément sur Luciano. Le choc fut terrible. Luciano en absorba une grande partie. Je n’avais quant à moi écopé que des « restes » de cette attaque, mais je m’étais déjà retrouvé sonné.

Lorsque je revins pleinement à moi, je ne trouvais nulle trace de ce vampire à qui je devais tant. Peut-être aurais-je dû le rechercher ? Mais je voulais déjà découvrir toutes mes nouvelles capacités… Et puis… je voulais encore goûter du sang avant que la nuit, déjà bien avancée, ne se termine, m’obligeant à me terrer à l’abri…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:28

Dydd Mawrth, 24ème jour du mois du Peuple, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Il semblerait que j’ai plutôt négligé mon journal ces derniers temps. Mais ce que je vis depuis ma transformation est si passionnant ! Je ne sors bien évidemment plus que la nuit désormais. Chez moi, j’ai colmaté toutes les fenêtres pour que le soleil n’y rentre pas.
Je ne regrette rien. Vivre la nuit est si formidable. J’aime mes victimes. Je ne dis pas que je préfère prendre leur sang plutôt que de donner le mien, mais c’est juste… différent. Je me sens si puissant quand je m’abreuve de ce liquide au goût si particulier, si exaltant. Il faut être vampire pour discerner toutes les saveurs que cela peut comporter.
Mais je ne peux profiter de cela pleinement. La guerre se prépare toujours. Je dois me méfier de tout et de tous. J’attends avec impatience le début de ces hostilités qui devraient marquer une bonne fois pour toute la fin de Merkia. Je déteste de plus en plus ce pays. A l’exception de ces tendres habitants bien sûr, mais c’est différent.
A vrai dire, je ne me suis jamais senti chez moi nulle part, mais ici, c’est pire. « L’autre » a pu y tenir dix ans, mais ne s’est-il donc jamais aperçu qu’il était toujours considéré comme un étranger ? Il n’a jamais été considéré comme Merkien ! A vrai dire, les seuls moments où ce pays s’apercevait qu’il existait, c’était quand il s’agissait de percevoir quelques taxes sur les sommes qu’il gagnait. Merkia va s’apercevoir que j’existe, mais pour une autre raison cette fois-ci ! Il faut juste tenir… attendre… et bien évidemment rester prudent.

Rester prudent est une chose bien difficile. Ne serait-ce que pour différencier ses amis de ses ennemis. Celui qui me pose le plus de problèmes reste encore et toujours Vorlen. La haine que je lui porte est désormais sans borne et je ne désire ardemment qu’une chose : le voir disparaître ! J’ai tout d’abord appris qu’il avait tenté d’atteindre à la vie de Luciano, ce vampire à qui je dois tout, à qui je dois ce don merveilleux. Nous avions pris la décision de s’en débarrasser. Il devenait décidément beaucoup trop dangereux, parce qu’instable. Il devait toujours me considérer comme une possession, comme un corps qui lui appartenait, même une fois que j’étais devenu vampire. J’ai horreur de cela ! Mon corps, ma personne, tout ce qui fait ce que je suis n’appartient qu’à moi ! S’il voulait se montrer possessif, il n’avait qu’à le faire lorsqu’il était encore temps ! Lorsque « l’autre » était encore là ! Je ne doute pas que cet imbécile aurait adoré ça. Mais moi, je ne suis pas comme lui, je suis exactement son contraire.

Cependant, il me semblait que Vorlen avait changé par la suite. Qu’il semblait enfin avoir accepté cet état de fait et qu’il ne se concentre que sur une chose : préparer au mieux la guerre. Le nombre de vampires communs augmenta dans les rues de Merkia. Tous ou presque de lui. Je le vis avec une certaine Sheba. Il paraissait la désirer grandement, à tel point que je ne doute pas qu’il soit aller jusqu’au viol.
Le voyant ainsi, j’hésitais à le tuer. J’en parlais à Luciano qui m’apprit que Vorlen avait constamment essayé de le tuer à plusieurs reprises, qu’il était réellement dangereux. C’était rendre service à Acksar que de s’en débarrasser. Acksar… Vorlen était son fils. Voilà pourquoi j’hésitais tant. Mais Luciano me rappela tout ce que ce Spawn m’avait fait endurer. Grâce à l’essence de Madine, j’avais la possibilité de tuer enfin Vorlen ! Cet étrange produit, délicieux lorsqu’il est bu avec précaution, mortel pour les humains, devient extrêmement dangereux pour un vampire s’il est bu en trop grande quantité.
Tout ce que j’avais à faire était donc de trouver le moyen opportun de faire absorber cela par Vorlen, le plus tôt possible. Dissimulant ma haine envers lui, je pris l’occasion d’une chasse et d’une victime que nous partagerions au nom d’une certaine entente cordiale qu’il y aurait entre nos deux. Il trouva une victime, une jeune fille, très belle. Très jeune d’ailleurs, à peine sorti de l’âge de l’enfance. Cela facilita la mise en œuvre de l’idée que j’avais eue.
Discrètement, je pris le contenu du flacon d’essence de Madine mais je ne l’avalais pas. J’allais ensuite embrasser notre victime commune, en la forçant à avaler le liquide que je lui passais. Vorlen cru à une simple envie de ma part d’embrasser cette fille si attirante et cela me convenait très bien. C’est avec une grande joie que je le vis prendre le sang de cette pauvre humaine. Indirectement, il absorbait ce poison qui allait le priver de sa volonté. Cela ne prit guère de temps avant de faire effet…

En effet, après quelques minutes, il se retrouvait amorphe. Sans difficulté, je l’amenais chez lui. Je voulais me venger des tortures qu’il m’avait fait subir en le torturant à mon tour. Je voulais qu’il souffre avant de mourir, qu’il se rende bien compte de tout le mal qu’il m’avait fait et de sa responsabilité dans ce qui lui arrivait.
Je le menais exactement là où tout cela était arrivé, l’attachant. Il restait sans réaction, indifférent. Maintenant qu’il se retrouvait ainsi, sans possibilité de se défendre, j’hésitais à commencer tout de suite… Quel intérêt s’il restait détaché de tout ? Avec un simple bâton assez grand, je lui donnais un coup violent sur le corps. A vrai dire, c’était juste… pour m’empêcher de devenir fou. J’avais attendu tellement longtemps ce moment que j’avais besoin de lui donner au moins un coup. Ce coup sembla d’ailleurs le ramener à la raison. De suite, il m’ordonna de le détacher. Il reprenait peu à peu ses esprits. Ma haine se réveillait petit à petit. Le voilà qu’il se trouvait à ma merci, que je tenais ma vengeance. J’étais tellement en colère, j’avais tellement besoin de lui faire du mal que je ne pouvais pas utiliser des instruments qui auraient peut-être pu augmenter sa douleur, mais m’auraient enlevé le plaisir d’agir directement. Il fallait que je le frappe moi-même. Je visais son visage, le frappant sans cesse. Je détestais son visage. Il me rappelait trop de choses. En fait, c’était ce visage qui m’empêchait d’être totalement moi. Dès que je le voyais, je songeais inexorablement à l’autre, c’est comme si un murmure sourd et étouffé tentait de se faire entendre dans ma tête. Je ne supportais pas cela.

Et je frappais… frappais… frappais sans cesse ! Je voulais détruire ce visage, le rendre insupportable à voir. Et aussi faire taire Vorlen !

Mais ses paroles continuait de m’énerver au plus haut point. Je ne pouvais supporter de l’entendre. Tant pis si je ne l’avais pas fait souffrir autant que je l’ais souhaité. Mais je devais maintenant le tuer. Je sortais mon épée, la plaçant alternativement sur son cœur et sur son cou. J’hésitais dans la manière de le tuer. Lui transpercer le cœur ou trancher sa tête ? Je pris ma décision, ce sera la tête.
Je levais mon épée, prêt à frapper. Mais il utilisa un de ses pouvoirs que je connaissais mal et il se retrouva libre… et derrière moi. Qu’importe, je sentis son changement de position et tentai, en me retournant et en donnant un élan à mon épée de séparer sa tête de son corps. Il me bloqua le bras, mais qu’à cela ne tienne, j’essayais de rapidement sortir ma dague pour la lui planter dans le cœur mais une tierce personne sauta sur moi. Je sentis que l’on lacérait mes côtes. Poussé en arrière, je tombais au sol. C’est à ce moment que je pris conscience de ce qui se passait autour de moi. J’avais tellement été aveuglé par ma rage envers Vorlen que je n’avais pas pris conscience que la maison avait pris feu et que ma fille, sous sa forme de louve, était venue aider ce misérable Spawn. Trahi par ma fille. De plus, à deux reprises, elle m’avait envoyé des sortes d’arc électriques. Je ne savais pas qu’elle s’était mise à maîtriser la magie.

Avec mon état, c’était à mon tour d’être à la merci de Vorlen, ce qui décupla ma rage. Mon impuissance face aux évènements allumait un feu brûlant en moi. Hélas, mes blessures, le choc que j’avais reçu m’empêchait d’agir. Le Spawn me saisit, me soulevant au-dessus du sol. Il semblait pleinement satisfait du retournement de situation. Dire que j’avais été à deux doigts de réussir ! Rageant !
Il m’emmena à l’extérieur, où semblait nous attendre Luciano. C’était visiblement lui qui avait mis le feu à la maison de Vorlen. Tous deux se parlèrent, je me demandais s’ils allaient se rendre jusqu’à se battre. Le Spawn me lâcha. Je cherchais à me relever mais je n’en étais toujours pas capable. J’étais réduit à écouter leur conversation où Luciano se moquait de moi et de mon échec. Je ressentis cela comme une trahison. Moi qui depuis qu’il m’avait transformé était resté sous ses ordres il me niait désormais !
Puis quand il fut parti, Vorlen me dit que j’avais opéré le mauvais choix… et que j’allais le regretter. Qu’importe ? Je suis content de mon choix, et je recommencerai dès que j’en aurais l’occasion !

Nous nous séparâmes sur cette promesse mortuaire. Plus tard, dans les rues, je cherchais à rejoindre Luciano pour avoir une discussion avec lui. Je finis par le repérer dans une rue mais un phénomène étrange eut lieu. Je ne sais comment, mais Luciano finit par disparaître pour laisser la place à un dragon… Doué de paroles d’ailleurs… Il m’expliqua après quelques incohérences qu’il s’était servi du corps de mon créateur pour naître, et qu’il était venu avec pour seul but de tuer Vorlen… Je n’étais pas sûr de saisir tous les tenants et aboutissants de cette histoire, mais si cette mystérieuse créature souhaitait la mort de Vorlen, j’étais prêt à lui fournir tout mon concours.
Je la menais au marché, elle disait avoir faim…
Elle y sema la panique et j’en profitais pour retrouver de mes forces en prenant le sang d’un Merkien d’âge mûr qui cherchait à s’enfuir et qui avait été assommé par le passage du dragon. Son sang était exécrable mais je n’avais pas le choix : je ne pouvais prendre une victime moi-même vu mon état.
Je fis brièvement la rencontre de Sheba, cette femme que Vorlen aimait. Elle m’échappait mais j’essayerai de la retrouver. Si vraiment Vorlen y tient, je pourrais m’en servir comme point de pression…

Je verrai bien… J’espère juste survivre pour voir la guerre…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:29

Dydd Mawrth, 8ème jour du mois des dieux, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Vorlen semblait décidément très pressé d’accomplir cette promesse que nous nous étions faite. En pleine journée, alors que j’avais cessé de dormir et que je m’apprêtais à m’occuper pour attendre la tombée de la nuit, le Spawn arriva et détruisit une de mes fenêtres, laissant entrer le soleil pleinement dans ma maison. Le temps de m’abriter à l’ombre rassurante de la bibliothèque et je recevais déjà des brûlures au visage.
A quelques pas de là, mes armes, posés sur un fauteuil… En plein soleil… Vorlen paraissait fier de lui, content de m’acculer dans mes derniers retranchements. Mais je ne voulais pas me laisser faire ainsi. Je ne faisais déjà plus attention à ses paroles, me contentant d’acquiescer tout en réfléchissant. Je ne pouvais rester ici, je devais obligatoirement affronter le soleil quelques instants cruels. Je fis basculer la bibliothèque sur Vorlen, puis je me précipitais sur mes armes avant de courir vers les escaliers qui restaient à l’ombre.
La diversion pour occuper le Spawn ne le retint pas longtemps et déjà, il se trouvait au bas des marches. Cependant, je tenais autant que lui à l’affronter et je m’étais arrêté dans les escaliers, me retournant pour lui faire face à nouveau. Je voulus lui lancer quelque sort mais avec sa vitesse, il se glissa derrière moi et me repoussa à nouveau en bas. Dans ma chute, mon bras rencontra la lumière du soleil. La douleur fut foudroyante, tout comme quand j’avais traversé tout le salon. Quelle cruauté ! Une véritable sensation de passer dans le plus ardent des feux.
Je ramenais bien vite mon bras à l’ombre.
Je repartais ensuite à l’assaut de Vorlen, ma force décuplée par la rage que je ressentais pour lui. J’étais réellement en position d’infériorité, car le soleil restreignait mon espace de combat. D’autant que le Spawn, fort de cette supériorité sur moi, détruisait d’autres de mes fenêtres, réduisant encore plus mon espace. Je me retrouvais acculé contre un mur à nouveau. Je ne voyais comme moyen pour tenir quelques temps de m’enfermer dans un mur de glace. Il pouvait bien se moquer, mais avais-je d’autres choix ?

Il se mit immédiatement à la recherche d’imperfection dans ma défense, espérant pouvoir le briser. Il n’y en avait bien sûr aucune, mais je devais réagir avant qu’il ne s’en aperçoive et qu’il cherche un moyen plus violent. Je tentais le tout pour le tout et faisait disparaître mon mur, tandis que je lui lançais dans l’instant un pic de glace. Je parvins à le toucher, mais pas à un endroit décisif.
Notre combat continua ; je cherchais sans cesse à l’attaquer de mon épée, essayant de lui percer le cœur. Mais par une erreur et une maladresse, mon arme m’échappa et Vorlen parvint à la récupérer. Je ne baissais pas les bras ! Jamais il n’arrivera à me tuer tant que j’aurais encore de la volonté. Je cherchais par tous les moyens à récupérer mon épée.
Le Spawn devait se servir pourtant de sa vitesse incroyable car par intermittence, il m’échappait. Je croyais voir son bras à un certain endroit, et l’instant d’après, il s’était déplacé bien si vite que je ne l’avais pas vu bouger.
Il se recula un instant de moi, me regardant avec un air moqueur. Il me demanda contre qui je me battais, si c’était contre lui ou contre moi. Je ne compris pas tout de suite mais il voulut me faire croire que « l’autre » prenait épisodiquement le contrôle pour m’empêcher de gagner. Je ne pouvais pas le croire, il ne cherchait qu’à me déstabiliser en me faisant croire cela. Mais je sais que c’est impossible. L’autre est mort, et dans ma tête, je suis absolument seul. D’ailleurs, Vorlen a une fois encore oublié que c’est lui qui avait tué ce faible. Comment pourrait-il seulement espérer qu’il vienne à son aide ?
Ensuite, il s’approcha de moi, sortant de sa poche une sorte d’aiguille. Je n’arrivais à comprendre ce qu’il prévoyait de faire. Malgré ma défense, il me donna un petit coup et je sentis l’aiguille glisser sous ma peau. Je le regardais, cherchant à comprendre. A quoi devais-je m’attendre ? Qu’est-ce cette aiguille devait provoquer chez moi ? Petit à petit, je compris. A l’endroit où l’aiguille était entrée, je commençais à ressentir une petite douleur. D’abord tenue, puis s’amplifiant jusqu'à en devenir insoutenable. Cela provoquait chez moi une sensation horrible. Il est une chose de ressentir de la douleur, la plupart du temps, elle reste en surface. Dans ce cas présent, elle se diffusait littéralement à l’intérieur de mon corps. J’avais l’impression qu’elle finissait par s’attaquer directement à mon âme, l’enserrant et réduisant petit à petit son espace. Ce fut affreux et je ne pus tenir longtemps face à cela. Le noir m’enveloppa.
Je songeais être perdu. Quand je me réveillais, le dragon qui avait remplacé Luciano était arrivé, ayant défoncé ma maison et son rez-de-chaussée. Allons donc, encore un peu plus de lumière, au point où j’en suis ! Néanmoins, je n’avais nul doute qu’il parviendrait à me débarrasser de Vorlen. Draak, c’est ainsi que j’avais baptisé ce dragon, semblait déterminé à le tuer, pour je ne sais quelle raison mais peu importe !
Leur combat fut fantastique, et je tentais comme je le pouvais d’aider le dragon, malgré mon obligation de rester ainsi à l’ombre. Ce fut presque beau à regarder… Mais quand je crus Vorlen vaincu car à terre, il parvint, avec ma propre épée, à transpercer la peau du dragon à un endroit où il s’avérait être plus vulnérable… Etait-il donc invincible ?

Profitant de sa victoire, il se fendit d’un large sourire où il retourna vers moi pour me porter le coup fatal. Je dois reconnaître qu’après avoir vu ça, je ne voyais plus aucun moyen de continuer ce combat. Il parvenait à vaincre un dragon devant lequel moi-même je n’aurais pu espérer de victoire. Je m’apprêtais à mourir. Je n’avais qu’un regret : que ma haine que je lui vouais ne se soit pas estompée à l’occasion du meurtre que j’aurais pu faire sur lui.
Jusqu’au bout je ne voulais pas lui laisser un moment où il aurait pu me croire faible et je bravais fièrement son regard. Je vis l’épée, mon épée, se lever. Qu’importe, j’étais prêt.
Je me demandais ce qui allait se produire, si je tomberais dans le noir ou si je serais encore en vie mais dans un autre monde.
Une voix. Celle d’Ookami. Qui intimait au Spawn d’arrêter son geste. Que venait-elle faire ici ?
Je ne comprenais plus très bien ses motivations. Au fond, elle devenait aussi folle que Vorlen qui agissait étrangement. Finalement, il devait être écrit que je ne mourrai pas aujourd’hui. Je me raccrochais à cet espoir que je pourrais peut-être finalement tuer moi-même Vorlen. Tandis que ma fille et le Spawn parlaient entre eux, j’en profitais pour quitter ma position et regagner un endroit plus à l’ombre, même si j’avais dû pour cela repasser sous le feu dévorant du soleil.
Peu à peu, tous deux quittèrent ma maison, me laissant seul, coincé dans ma position en attendant que le soleil disparaisse enfin.

Plus tard, dans les rues, je retrouvais ma fille. Elle semblait bien faible et je la regardais d’un autre œil. J’étais venu pour m’en débarrasser définitivement. Mais son état de faiblesse éveilla chez moi une envie bien particulière. Je la redécouvrais, elle, jeune fille de dix-sept ans. Certainement innocente et non encore aimé par un homme. Elle me devait tout. Si elle était en vie, c’était grâce à moi. Je pouvais en disposer comme je l’entendais. Et elle était si belle, si fraîche.
Je ne pus m’empêcher de goûter à ses lèvres. Elle montra un peu de résistance, ce qui m’excitait davantage. Je cherchais à approfondir ce baiser, mais elle se refusa à moi, me mordant pour me faire reculer.
Je décidais alors de m’attaquer à son cou. Je pris mon temps, je comptais profiter pleinement de sa saveur. Je ne fus d’ailleurs pas déçu. Son sang recelait un goût particulier mais qui m’était, je le sentais, très bénéfique. Chaque gorgée était un délice. Mais le simple fait de prendre possession de sa gorge était déjà un vrai bonheur. Je voulais à nouveau sentir la résistance de sa chair… Arrêtant un instant, je l’obligeais à tourner la tête pour recommencer sur une partie de son cou sans marque.
Mais pour une raison qui m’échappe encore, elle eut un regain de vitalité qui me surprit. Je cherchais à accélérer mon rythme, la drainant le plus vite que je pouvais, la faire mourir tout de suite.
Elle m’échappa.
Il fallait croire que ce n’était pas ma journée !
Une chose me consolait cependant : le bâton de mage de ma fille. Je savais qu’elle y tenait énormément et dans sa fuite, elle le laissa sur place. Je le récupérais avec bien des précautions…

Mais je ne dois pas oublier de mentionner une chose. Et à la vérité, c’est pourquoi je ne relate ces faits qu’avec un peu de retard. Acksar a accepté de considérer le bien maigre soutien (mais non moins indéfectible) que je suis. Je l’ai rencontré. J’étais pétrifié devant lui et je me demandais soudain si mon opposition à Vorlen était légitime.
Il me rassura. Il me dit qu’il devait faire un choix. Entre Vorlen et moi. Celui qui le servirait le mieux. Je ne doutais pas d’en avoir les capacités… Ni la volonté… Ce qui manquait à Vorlen visiblement.

Une épreuve… Atteindre la Reine et la présenter à Acksar…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:29

Dydd Gwener, 18ème jour du mois des dieux, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Je ne cesse de me lamenter sur cet échec que je traînerai encore longtemps derrière moi. Comme un boulet. Mon plan me semblait pourtant très bien rodé ! Je ne comprends pas où peut se trouver mon erreur !
J’avais décidé de passer à l’action avec la Reine. L’enlever et la livrer à Acksar. Peu importe ce qu’il comptait en faire, cela ne me regardait pas ! Moi, c’était une manière de le remercier pour me choisir comme Vorlen, et ainsi, me donner la possibilité de véritablement vaincre ce dernier.
J’avais réussi à m’introduire dans le château avec l’ « aide » plus ou moins volontaire d’un garde royal. Son esprit étant celui d’un vulgaire humain, je parvins à le maîtriser pour en tirer ce que je voulais. Acksar m’a permis de réaliser une telle chose.
Après quelques péripéties, je retrouvais la Reine, dans son jardin, cette innocente ! Mon idée première avait été de vaincre son esprit pour qu’elle me suive d’elle-même. Nous aurions pu quitter le château sans encombre, ainsi. Mais ce ne fut pas le cas. Son esprit était bien plus fort que celui des simples humains et je ne parvins pas à le gagner à ma volonté. Elle se rendit bien compte que je ne lui voulais pas du bien et elle appela à la garde. Ainsi, c’est elle qui m’obligea à utiliser la force ! Moi, je voulais que tout se passe bien.
Cet Elfe, Maltaluin, que j’avais pratiquement oublié, surgit de nulle part. Quelle belle image du preux chevalier portant secours à sa Souveraine. Cela en fut presque touchant ! Mais je ne pouvais m’attarder là. Pour tenir en respect l’Elfe, je me servais d’Abyss comme d’un véritable bouclier humain et menaçait de la tuer avec ma dague. L’égorger ici et maintenant ne m’aurait guère avancé, mais si je devais être pris, elle ne me survivra pas. Acksar ne l’aura et j’aurais failli, mais la mort de la Reine aurait porté un coup sévère à Merkia.

Du jardin, il y avait une issue pour quitter cet endroit. Abyss cherchait à m’échapper mais que pouvait-elle vraiment face à ma force ? Je parvins à la faire monter sur le cheval qui m’avait amené ici puis à retourner au galop en ville. Durant le retour, un rapace m’attaqua… Je suppose qu’il s’agit d’une métamorphose de Maltaluin. Sans parler de la Reine qui refusait toujours de coopérer ! Mais dès que je menaçais sa vie, je retrouvais la paix. Je l’emmenais au port, à l’entrepôt.
L’Elfe s’y trouvait, j’imaginais qu’il m’avait suivi durant tout ce temps ! Il faillit bien m’avoir mais rien ne pouvait s’opposer face à ma détermination. Sa faiblesse était dans le trop grand prix qu’il accordait à la vie de sa chère souveraine. Cela lui faisait commettre des erreurs… Il ne se protégeait plus assez et restait trop concentré sur elle. Je l’attaquais… Un pic de glace, un seul ! Parfaitement visé, il atteignit son but… Ma force fut si grande qu’il fut projeté dans l’eau du port. Je m’approchais du quai et je ne le vis pas remonter… Il aura coulé à pic ! Enfin ! Enfin débarrassé de lui !
Quant à la Reine, je la rentrais dans l’entrepôt et l’y attachais solidement sur une chaise.
A partir de ce moment, je pus enfin pleinement savourer ma victoire ! Plus rien ne pouvait m’empêcher de la livrer à Acksar. Il sera fier de moi et ne pourra qu’accepter le fait que je le serve bien mieux que ce misérable Vorlen.
En attendant, il fallait prendre soin d’elle. Elle restait très précieuse. Sans doute rentrait-elle dans les plans d’Acksar et pour rien au monde je ne souhaitais les contrarier. Je lui donnais une nourriture certes pas riche mais suffisante pour la nourrir. Allez savoir pourquoi, elle la refusa… Puis elle s’évanouit ! L’émotion sans doute, mais je riais de cette Reine que tout le monde admirait et se révélait en fait n’être qu’une pauvre Elfe bien faible et sans courage !

Plus tard, elle se réveilla enfin… Je m’amusais avec elle, je dois le reconnaître. Dans quel état de désespoir devait-elle se trouver pour me proposer d’abuser d’elle à condition que je défasse ses liens ? A vrai dire… Prendre le corps de la Reine… La posséder… Ceux qui peuvent se vanter de l’avoir fait doivent être bien peu nombreux ! Et qu’elle le fasse avec moi qui suis un vampire, cela l’aurait sans doute déshonorée et marquée pour le restant de sa vie.
Cependant, je résistais à la tentation. Je voulais la livrer telle qu’elle était à Acksar, intacte et pure. Mais je ne pus m’empêcher de lui jouer un petit tour : dans la pièce d’à côté se trouvait le cadavre d’un homme que j’avais saigné et pendu la tête en bas pour en recueillir le sang. C’était une mesure de sécurité, pour disposer de sang si je ne pouvais sortir d’ici. J’avais vu son regard dégoûté quand elle l’avait vu. Je prélevais une coupe de sang que je bus un peu. Ce n’était pas le meilleur sang que j’avais pris mais c’était mieux que rien. Abyss voulait à tout prix que je lui desserre ses liens que je lui proposais de le faire si elle me montrait qu’elle était capable de boire du sang. Je portais à ses lèvres la coupe et je souriais en la voyant boire ce liquide si bon.
Son visage hurlait pour elle ! Je voyais bien qu’elle avait horreur de cela, mais pourtant, elle disait le contraire. Je ne pus m’empêcher de rire en lui disant que je ne comptais absolument pas la libérer en aucune façon ! Immédiatement, je la vis avoir un haut-le-cœur tandis qu’elle vomissait une partie de ce qu’elle avait avalée ! Je riais intérieurement.

C’est à ce moment-là que se présenta une personne dont j’avais fait la connaissance plus tôt. Il m’inspirait confiance car son mobilier était pour le moins… intéressant. Il m’avait emmené chez (du moins pourrais-je le qualifier comme ça) lui. Sa table, ses chaises n’étaient qu’un assemblage de cadavres humains. Il se présenta sous le nom de Marchealus…
Je le laissais voir Abyss, j’étais content de lui montrer mon succès.
Les choses ensuite se sont passées si vite… Ookami, ma bâtarde, s’introduisit dans l’entrepôt. Je la soupçonnais de m’avoir suivi avec son odorat. Je savais ce qu’elle cherchait, sans doute son bâton. Mais avec la Reine, je n’avais vraiment pas besoin qu’elle débarque maintenant. Abyss criait et appelait son aide. Ookami ne semblait intéresser que par son bâton mais la Reine, se débattant, finit par renverser sa chaise et se défaire de ses liens. Puis le toit de l’entrepôt s’effondra, laissant la place à deux individus que je ne connaissais pas mais qui venait vraisemblablement pour sauver cette naïve Abyss. Comment m’avaient-ils retrouvé ? Je ne comprenais pas mon erreur. Mais la colère m’envahit et je cherchais à les repousser. S’il le fallait, j’irais jusqu’à la tuer ! Hélas, ils ne m’en laissèrent pas l’occasion. D’autant que Marchealus se révéla être un traître ! Il aida au secours de la Reine.
Acksar… Que pouvais-je donc faire, seul contre trois ?
Un des deux hommes se mit en travers de mon chemin alors que je cherchais à tuer Abyss. Au sol, il était bien plus fort que moi et je n’arrivais pas à reprendre le dessus… Il m’épuisa… et me fit prisonnier, tandis que la Souveraine se trouvait déjà loin…
Il se présenta sous le nom de Nécrimine… Il m’emmena dans un temple, me confia à des prêtres qui me regardaient comme si j’étais un pestiféré. Je dois dire que c’était assez amusant de voir l’expression de leurs regards quand ils me regardaient. Au final, j’étais emprisonné avec trois autres vampires de seconde zone. Du temps passa. Je pensais qu’ils allaient m’interroger. Ils n’en firent rien dans un premier temps. J’imagine qu’à un moment ou à un autre viendrait le temps de mon jugement. La mort sans doute était ce qui m’était réservée… Bah, qu’y pouvais-je ?

Mais une personne apparut, une personne que j’avais déjà rencontrée et qui m’avait proposé son aide dans la capture de la Reine. Cette personne disait s’appeler le Devin, tout simplement… Elle me proposait son aide pour m’évader en échange d’un petit service que je devais lui rendre également. Quoi exactement, je ne le savais pas réellement. Je savais juste que cela pouvait être néfaste à Acksar, sauf si je l’aidais personnellement, auquel cas les choses seront différentes et pourront servir Acksar.
Je le jugeais inquiétant et dans l’immédiat, je me disais que le suivre me permettrait de le surveiller également. Et aussi chercher à rattraper mon échec…

Il n’y a qu’une chose qui me dérange… Je me rappelle maintenant que Abyss avait dit être prévenu de son enlèvement… Par un homme qui se faisait appeler le Devin… Qui sert-il vraiment cet homme-là ?
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:30

Dydd Sadwrn, 26ème jour du mois des dieux, Année 3778 du Royaume, 40ème année du cycle de Caranthir.


Plusieurs évènements sont à noter aujourd’hui. Dont un qui me rend plus heureux que n’importe quel autre.

Enfin ! Enfin, j’ai réussi à le tuer ! Vorlen n’est plus de ce monde. Lors d’un combat où je me montrais décidément plus fort, je parvins à définitivement lui ôter toute conscience. J’ai achevé sa mort incomplète de Spawn !
Il m’était devenu insupportable depuis tout ce temps. Il fallait que sans cesse il ait ce sentiment d’être supérieur ! de m’être supérieur !
Mais il appartient désormais au passé. Avec lui s’enterre complètement mes dix ans d’emprisonnement dans mon propre corps. Il était en quelque sorte le lien qui m’unissait à l’autre. Et je l’ai rompu !
Dans une rue, nous nous sommes combattus et je reconnais qu’il réussit à me porter quelques coups qui mettaient en danger ma position. Mais finalement, en lui donnant un autre coup, je parvins à le projeter loin de moi. Ma force fut si grande qu’il passa à travers un mur de bois. Dans sa chute, il alla s’empaler contre un morceau de ce mur qui lui transperça le cœur.
Comment décrire ce que je ressentais à ce moment ? ce moment où je prenais conscience qu’il était définitivement mort… Ma joie fut telle que j’esquissais quelques pas de danse.

Je ne pus profiter de mon bonheur bien longtemps. Le « Devin » réapparut, me réclamant le paiement que je lui devais pour m’avoir aidé à m’évader de ces maudits prêtres. Je décidais de rester très prudent dans chacun de mes mouvements et des siens. Je gardais en mémoire le fait qu’Abyss devait vraisemblablement le connaître. Il s’agirait donc d’un traître !

Il me mena en dehors de la Cité et par le même moyen de transports que la dernière fois, il m’emmena sur une île loin vers l’Ouest il me semble, mais peut-être me trompé-je. Ce fut, comme la dernière fois, désagréable. Des sensations étranges que je n’appréciais pas !
Nous nous retrouvâmes dans un pays étrange où tout semblait mort. Les alentours étaient sombres et là où Merkia est entourée de riantes forêts où l’on peut entendre les oiseaux chantés à la belle saison, ici, il n’y avait que le silence. Je ne me sentais pas particulièrement inquiet, peut-être parce que cet endroit me ressemblait et qu’il respirait justement le mal et la mort…
Au loin, un dôme, sombre, la lumière ne semblant pouvoir passer au-delà. Cela marquait semble-t-il la présence d’une Cité. Le Devin et moi en prîmes le chemin. Le chemin fut sans histoire, à travers ces paysages désolés.
Arrivés aux portes, nous ne pûmes que constater qu’elles étaient fermées. Mais le Devin prétendait qu’ici une part importante de l’histoire d’Acksar s’était jouée, et que mon sang, étant de lui désormais, pourrait ouvrir ces portes. Il me présenta sur le côté une alcôve. Je suivais son conseil et y versa un peu de mon sang.
Un bruit sourd marqua l’ouverture de ces monumentales portes.

Passé cela, le spectacle changeait peu. Une ville entière, morte. Des ruines. Nulle part la trace des vivants. Tout cela semblait dévastait depuis bien longtemps. Le Devin savait où il se rendait, mais il me prévint des dangers que nous pourrions rencontrer, et de surtout ne pas faire de bruit.
Un danger, nous en avons rencontré un justement. Il prit la décision de nous séparer, me montrant l’endroit où nous devions nous retrouver ! avant de lui-même disparaître…
Derrière moi, une sorte de géant cherchait à m’attraper. Sans suivre le Devin, je tournais et retournais dans les rues désertes, entendant le son sourd de mon poursuivant derrière. M’abritant dans une maison, je le laissais continuer son chemin sans qu’il ne s’en aperçoive. Libéré de ce danger, je décidais de poursuivre et de me rendre à l’endroit que mon curieux compagnon m’avait indiqué. Il s’agissait d’une tour qui se dressait au centre d’une grande place. Une fois que je m’y étais rendu, je ne le vis nulle part. Pour m’assurer qu’il ne m’avait précédé, je rentrais dans le bâtiment.

C’était un grand hall, bordé sur les côtés par de nombreux miroirs. Je n’y pris grande attention. J’ai appris depuis longtemps à ne plus être surpris de ne pas voir mon reflet dans une glace depuis que Luciano prit ma vie.
Cependant, alors que je traversais la pièce, du coin de l’œil il me sembla percevoir une image renvoyée par un de ces miroirs vers moi. M’approchant car je trouvais l’image floue, je ne tardais pas à y voir… « l’autre ».
Un bête sourire accroché à sa face d’innocent qui ne comprend pas que la violence régit le monde, ses yeux qui paraissaient presque vous demander pardon de vous regarder, sa posture naïve. Je ne pouvais m’y tromper et je fus pris d’un coup de sang. Je ne supportais pas de le voir ainsi. Dans ma colère, je brisais le miroir. Sans doute devait-il être protégé par je ne sais quel sort car l’instant d’après, je me retrouvais à terre sans me rappeler ma chute. Au sol, des fragments me renvoyaient toujours cette image d’idiot. Rien d’autre qu’un souvenir. Ce miroir ne devait montrer que des souvenirs. D’ailleurs, l’image s’altérait…

Je poursuivis mon chemin et décidai de monter à l’étage. Je rentrais dans une pièce où mon « guide » ne se trouvait toujours pas. Je décidais de l’attendre là, probablement se trouvait-il derrière moi.
Mais sur le sol, des ombres glissaient et se resserraient autour de moi. Je me préparais à me défendre face à cette nouvelle diablerie, mais contre des ombres qui avaient tout des fantômes, je ne savais quelle attitude adopter pour me sauver.
Puis une voix s’éleva, traînante, me questionnant puis me proposant de l’accepter en moi pour la destruction finale. Je ne comprenais pas tous les enjeux. Avec le recul, je crois qu’il s’agit d’une force destructrice d’une puissance phénoménale, inouïe même. Mais cette force dispose de sa propre volonté tournée vers un seul but : la destruction de tout, sans distinction. Du Bien et du Mal. Celui qui jouerait avec sa force serait lui-même détruit par ce pouvoir trop fort.
Il s’agissait pour cet ombre de se glisser en moi. Que devais-je faire ? Refuser, et un autre en prendrait possession. Il pourrait s’agir d’un ennemi qui tournerait immédiatement contre nous cette force. Accepter, et je disposerai d’une force incroyable à présenter à Acksar pour me faire pardonner l’échec avec la Reine. Et lui saurait comment agir avec cette arme à double tranchant.
Cela me sembla plus prudent d’accepter ce pouvoir, sans s’en servir, mais en demandant conseil à Acksar par la suite.

La suite des évènements s’embrouille et devient floue dans ma tête. Je crois que l’ombre se glissa en moi, à l’intérieur de moi ! Durant quelques instants, je ne remarquais pas de changements, à tel point que je me demandais si je n’avais pas rêvé. Puis petit à petit, de douloureuses sensations firent leur apparition. Je perdais le sens de l’orientation, ma tête me tournait et l’équilibre m’abandonnait. J’avais l’impression que l’on tordait mon cerveau de toute part.
Cela dura longtemps. A un moment, je vis le Devin près de moi qui me regardait de haut. Je ne compris pas bien ce qu’il me dit à ce moment là. Tout est beaucoup trop flou. Je crus véritablement mourir. Mais je refusais de perdre la vie maintenant ! Pas maintenant que je m’étais débarrassé de Vorlen ! Je voulais profiter de ce nouveau bonheur ! Petit à petit, la douleur disparut, bien qu’elle resta assez lancinante. Marcher continuait de me demander quelques efforts. Parfois, je perdais pied et manquais de peu de tomber.

Par la suite, je sentis des secousses. Je ne savais pas vraiment ce qui se tramait mais je sentais qu’il valait mieux que je sorte d’ici.
Dehors, toute la Cité tremblait et les vieilles baraques se fissuraient et parfois s’écroulaient pour les plus fragiles.
Les rues, heureusement sans trace des dangers de tout à l’heure, me menaient aux portes de la ville que je traversais avec empressement, même si mon état ne me permettait pas encore de courir.
Passé les murs, je vis le Devin qui m’attendait, paressant surpris que je sois toujours en vie, s’attendant probablement à ce que je ne survive pas à ça. Il savait donc les dangers qu’il y avait à accepter et ne m’en avait pas parlé ? Sur le moment, encore trop faible pour répondre ou ne serait-ce que réfléchir, je me contentais d’approuver.
Derrière nous, la cité fut définitivement détruite. Ce que je venais d’accepter devait être la raison à l’existence de ces ruines. Peut-être cette force avait été nécessaire au maintien de la ville. Comme je l’avais accepté, plus rien ne permettait à cette cité de tenir. Elle fut détruite…

Le Devin me ramena à Merkia, près des plages. Là, cela en fut trop. Avec mon état et les sensations désagréables du voyage, je ne pus m’empêcher de tomber à terre.
Ici, la nuit s’achevait. Il me fallait rentrer. Celui qui m’avait servi de guide voulut également me quitter mais je me souvins qu’il valait mieux le garder à l’œil. Aussi lui demandais-je un moyen de le revoir. Il m’en donna un, dans lequel je n’ai pas très confiance. Mais je ne pouvais lui demander plus de garanties sans éveiller ses soupçons… Je décidais de laisser là et de rentrer chez moi.

Il faut désormais que je voie Acksar. J’ai tué son fils et la Reine m’a échappé. Mais j’ai en moi cette force qui lui fera sans doute très plaisir. Et puis, demain est un autre jour… Valorisé par ma récente victoire sur Vorlen et débarrassé de l’Elfe Maltaluin, peut-être pourrai-je à nouveau chercher à atteindre Abyss ?
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Quatre Ashen

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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:31

Qu’il est étrange pour moi d’écrire dans ces pages. De découvrir toutes ces inscriptions avec cette écriture nerveuse et pressée. Qu’ai-je donc fait ?
Je me suis réveillé dans la pièce où Vorlen m’avait enfermé. Après cette séance de torture où il se vengeait de moi… Sans que je ne connaisse les motifs qui le poussaient à faire ça si ce n’est sa nature intrinsèquement mauvaise. Pourtant, quand il revint dans la pièce, il avait quelque chose de changé. Il me laissa partir et je quittai immédiatement ces lieux que je maudissais. Je voyais ma maison différente, les gens parlaient d’une guerre passée. Je ne comprenais pas.

Plus tard, je rencontrais une certaine Idril, qui me disait m’avoir connu auparavant. Elle m’expliqua aussi que je ne devais pas craindre Vorlen, ou du moins qu’il avait changé. Je n’arrivais pas vraiment à bien comprendre en quoi il pouvait changer mais je devais l’apprendre plus tard. Quand nous nous croisâmes sur les remparts. Il me prit dans ses bras, me demandait d’essayer d’oublier, que beaucoup de temps s’était passé en réalité… Qu’il avait énormément changé… et qu’il m’aimait.
Je n’arrivais pas vraiment à le croire. Mais en même temps, songer à tout ce que j’avais espéré dans le passé avec lui… Se rendre compte que peut-être il m’acceptait. Nous rentrâmes chez moi. Je n’avais pas osé y mettre les pieds depuis mon réveil. Vorlen continuait d’agir comme s’il ne pouvait rester loin de moi. J’essayais alors de lui demander s’il accepterait de dormir ici.

J’avais osé… J’espérais qu’il ne me demanderait pas de répéter… Mais non, au contraire, il accepta de passer la nuit ici, avec moi. A quoi pensais-je vraiment en lui proposant cela ? D’abord, je n’avais voulu que le garder près de moi, ou plutôt, qu’il me garde près de lui. Mais je savais aussi que cela pouvait aller beaucoup plus loin que cela en réalité. Est-ce que je le voulais vraiment ? S’il me le demandait, jamais je n’aurais la force de m’y opposer, mais cela ne voulait pas non plus dire que j’étais prêt.
Les choses étaient encore beaucoup trop confuses en moi… Il fallait toujours que j’arrive à appréhender tout ce temps qui s’était écoulé et dont je n’avais pas idée. Essayer de chasser cette image de lui me torturant. Ce n’était pas facile, mais ses actes et ses paroles étaient tellement en désaccord avec ce souvenir que j’aurais pu facilement croire à un mauvais rêve.
Le fait est que sa présence m’hypnotisait. Je sais que c’est morbide… Dans ses yeux, c’est un peu comme s’il se reflétait ma propre mort. C’est un vampire. Et pourtant… je ne sais pas ! je reste là, comme fasciné. La mort est si attirante…

Il posa sa main sur moi. Combien de fois l’avait-il fait durant toutes ces années ? J’ai cessé de compter le nombre de fois où je lui avais donné mon sang. Mais là, je ressentais quelque chose de différent. Dans toutes les étreintes passées, il restait comme une espèce de barrière invisible que Vorlen m’avait, volontairement ou involontairement, clairement indiquée. Une sorte de message qui dirait : « Ne te méprends pas, jamais je serai comme toi… Je profite de ton sang, mais jamais cela n’ira plus loin »…
Là, je ne sentais plus cette « distance »… Je ne savais pas trop quoi en penser, comment réagir… En fait, j’en ai eu assez de penser… Trop compliqué… Je me sentais comme une ridicule poussière dans un monde que je ne comprenais pas… Cette guerre… l’autre qui serait revenu… moi, vampire… ma mort… pour finalement revenir ici, sur Terre… Je sentais que tout cela me dépassait… Alors je préférais m’abandonner à ce que je pouvais ressentir en ce moment… Sans penser à hier ou demain.

Il agissait différemment… Avant par exemple, il commençait par me mordre pour ensuite resserrer son étreinte sur moi… Cette fois-ci, il fit l’inverse, comme s’il cherchait d’abord à m’acquérir ou me contrôler avant de commencer. Et il me mordit… d’une manière… enfin, c’est comme si cela avait un autre but. Ce n’était pas pour se nourrir. C’était pour avoir du plaisir… Il s’arrêta assez rapidement de boire puis chercha à m’embrasser. Ce dont je ne m’étais pas aperçu dans un premier temps, c’est qu’il n’avait pas avalé tout mon sang et qu’il en avait gardé. En m’embrassant, il le versa dans ma bouche. Je voulus immédiatement avoir un mouvement de recul, trop surpris pour pouvoir rester en place. Mais déjà il me maintenait la tête de sa main.
Obligé de rester ainsi, je fis un peu plus attention à ce je m’apprêtais à avaler. Mon propre sang. Ce n’était pas tellement désagréable je trouvais. Il est certain que je ne devais pas l’apprécier autant que lorsque j’étais un vampire ; mais me retrouver ainsi dans cette position fit que je trouvais cela terriblement grisant.

En même temps, cela me donna un peu plus de courage pour oser lui avouer que j’étais prêt à lui donner plus que mon sang… À lui donner tout mon corps s’il le souhaitait. Il resserra son étreinte encore plus fort en me répondant que c’était ce qu’il voulait. Toute cette possessivité… Je ne peux pas dire que cela me laisse indifférent. Pas avec lui. Suis-je un faible d’aimer cette possession ? Je ne sais pas. Mais je ne peux pas m’y opposer, ça je le sais. Il glissa ses mains sous mes vêtements. Je frissonnais face à la froideur de son corps, mais je ne m’éloignais pas. Certainement pas.
Pendant plusieurs minutes, nous restâmes ainsi, immobiles. Ses mains parcouraient avec lenteur mon corps qui frissonnait. Elles passèrent dans mon dos avant de venir sur mon torse… et de rencontrer l’obstacle de ma cicatrice…

Vorlen sembla hésiter. Je ne comprenais pas pourquoi. Il avait du décidé que ce n’était pas important puisqu’il repassa ses mains dans mon dos, glissant avec lenteur sur mes côtes, afin de me pousser avec force contre lui. Je ne voulais pas du tout lui résister et me laissais faire. Il me serra avant de m’embrasser à nouveau. Je ne savais pas trop si je devais l’encourager ou attendre qu’il y aille franchement lui-même… mais je finis quand même par timidement tenter d’approfondir le baiser. Vorlen ne se fit pas prier plus longtemps et entreprit de faire de même, avec passion et douceur.

C’est alors que je me rendis compte que, tout en s’emparant de mes lèvres, il m’avait doucement poussé en arrière, vers les escaliers. Il me libéra de son étreinte et me fit un petit sourire. J’y répondis bien vite. Sans un mot, nous n’en avions plus besoin, nous montâmes à l’étage. J’étais impatient et en même temps effrayé. Ce n’était pas de la peur, non, plutôt de l’appréhension. Je n’avais jamais fait cela avant… tout était complètement nouveau… mais ce n’est pas pour autant que je voulais renoncer… je voulais être à lui… complètement… et ce depuis longtemps. Pas question de changer d’avis alors que c’était enfin le cas.

Une fois à l’étage, je conduisis Vorlen dans ma chambre. J’allais m’asseoir sur mon lit mais les bras du spawn m’attrapèrent doucement, se croisèrent sur mon torse tandis que sa tête se posait sur mon épaule. Il me chuchota quelques mots… avant d’effleurer mon cou avec ses lèvres. Je frissonnai. Mais pas de froid. Il commença à couvrir ma gorge de baisers rapides et furtifs. Immédiatement je penchai la tête de côté pour lui permettre d’avoir plus de facilité… Il continua avant de me serrer davantage contre lui… et je sentis quelque chose de différent sur mon cou qui me refit frissonner. C’était… différent mais pas déplaisant… Vorlen me léchait doucement le cou… avant d’y planter ses crocs. C’était très doux… pas du tout violent… je fermai les yeux, soupirant. C’était bon. Vorlen me prit un peu de sang… pas beaucoup… il arrêta bien vite… et me murmura, d’une étrange voix… chargée de… désir… qu’il me voulait.

Je n’eus pas le temps de lui répondre que j’étais à lui qu’il me lâcha, me retourna en me prenant par les épaules. Il reprit possession de ma bouche avec fougue et je le laissai faire, l’accompagnant même. Ses bras se nouèrent autour de moi, une de ses mains vint m’attraper la nuque, comme pour m’empêcher de mettre fin à notre baiser… ce que je ne comptais pas du tout faire ! Il me poussa doucement en arrière et je me laissai faire… Mes genoux se plièrent quand ils rencontrèrent derrière eux le rebord de mon lit… Vorlen en profita pour, d’un rapide mouvement, m’allonger dessus… Je glissai un peu sur le côté pour mieux lui laisser de place… mais cela ne semblait pas lui importer…

Vorlen mit fin doucement à notre baiser. Il me regarda. Je le regardai. Et puis il passa ses mains sur mes vêtements… mon torse d’abord… puis plus bas… jusqu’au ventre là elles jouèrent un instant avec les boutons de ma chemise… avant de remonter s’occuper des autres… je me laissai faire, attendant avec envie… impatience… désir… Une fois leur besogne accomplie, les mains retournèrent sur mon ventre, passèrent sous ma chemise et remontèrent une nouvelle fois, cette fois en veillant à emporter avec elles mon vêtement… qui, après quelques mouvements, se retrouva bien vite par terre, à côté…

Vorlen se redressa et passa un doigt sur ma cicatrice… il avait un air triste… je ne voulais pas qu’il y fasse attention si cela lui faisait de la peine… et je ne voulais pas qu’il s’arrête maintenant… Je me redressai également et le regardai, hésitant. Il me rendit mon regard, interrogatif. Je me sentis rougir et puis je… je dégageai mes jambes de sous les siennes pour m’approcher de lui et lui attraper le bas de son chandail… en baissant la tête. Je ne voulais pas faire quelque chose qu’il ne voulait pas… je ne voulais pas aller contre sa volonté… et je crois qu’il s’en douta car quand je relevai les yeux, je le vis sourire… il enleva lui-même son vêtement et le jeta à côté avant de se pencher vers moi…

Il m’attrapa par les poignets et me plaqua contre le lit tout en me mordant les lèvres… mais ce n’était pas violent… ou du moins pas agressif… je fermais les yeux, me laissant complètement faire. Je suis à lui. Il peut faire ce qu’il veut de moi. Sa langue lécha mes lèvres, comme s’il voulait se faire pardonner, avant de passer entre. Je lui répondis du mieux que je pus. Son torse rencontra le mien… il était froid… et musclé… Vorlen libéra ma bouche et me regarda avant de se rabattre sur mon cou. Je tournai la tête, le lui présentant. Il y mordit avec envie tout en serrant plus fortement mes poignets. Je serrai les poings et gémis… mais pas de douleur. Pas vraiment.

Le spawn s’arrêta à nouveau bien vite… j’ouvris les yeux et vis son regard… je me relevai un peu de façon à frôler ses lèvres… et je répondis à sa question silencieuse… je n’avais pas peur… et je le voulais… si c’était lui, je le voulais… vraiment… Alors il rapprocha ses genoux autour de mes jambes afin de se redresser dessus. Ses mains me lâchèrent et s’occupèrent de mon cou… avant de descendre sur mon torse… de continuer lentement leur route jusqu’à mon ventre… de s’arrêter un instant… et puis de continuer… elles s’arrangèrent pour défaire les attaches de mon pantalon…

Quelques instants plus tard, tous mes vêtements étaient par terre. Et ceux de Vorlen aussi. Il était à moitié sur moi, mais pas assez pour l’empêcher de… de s’occuper de moi… et on peut dire qu’il se débrouillait très bien… au-delà de mes espérances… je gémissais et me serrais contre lui mais essayais de ne pas trop bouger, pour éviter de le gêner… il arrêtait des fois son mouvement pour me regarder… s’assurer que ça allait… avant de recommencer en m’embrassant…

Et puis tout alla très vite… et en même temps très lentement… je ressentais chaque seconde près de lui, chaque petit mouvement… j’étais extrêmement conscient de tout ce qui se passait… je me retrouvai sur le ventre… et Vorlen sur moi… son corps froid contre moi… mais je n’y faisais pas attention. J’avais au contraire très chaud…

Je tressaillis à ses contacts… je ne pouvais m’en empêcher… j’essayais bien sûr… je ne voulais surtout pas lui faire croire qu’il me faisait peur… ou mal… mais c’était si… nouveau… et espéré… Je me forçais à rester calme… ne pas faire de gestes brusques… et puis ce que j’attendais finit par arriver… Je crispai les mains, serrant dans mes poings le drap qui ne nous couvrait pas…

Je n’essayais même plus d’étouffer mes gémissements. Et, alors qu’enfin… qu’enfin Vorlen me prenait complètement… qu’enfin je lui appartenais vraiment… je le sentis se redresser, juste un peu, pour, sans interrompre ses mouvements, avoir accès à mon cou… il l’attrapa entre ses crocs avec une violence étrange et se mit à me prendre encore mon sang… mais je l’entendis gémir en même temps… c’était comme s’il… libérait sa passion dans ce baiser du vampire…Je me sentais complètement à lui. Il prenait mon sang et mon corps. C’est comme s’il prenait toute mon âme.

Cela continua encore… merveilleux souvenir. Puis pour m’endormir, je me blottis contre lui comme je me l’étais si souvent imaginé.
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:31

Je parviens à reprendre peu à peu le dessus. Il a fallu que je me redécouvre, que j’apprenne ce que j’ai fait durant cette guerre. Je me sens si sale à l’idée que j’ai pu y participer du mauvais côté. J’apprends, par mon journal, par les gens, ce que j’ai fait. Je n’arrive pas à comprendre comment, après tout cela, je mérite encore la vie. Vorlen essaye de me consoler, de me dire que je n’étais pas responsable, que ce n’était pas moi qui agissais. Mais je n’arrive cependant pas à m’ôter cela de l’idée. Je me sens terriblement coupable.

C’est pour cela que je suis parti au château. Je n’ai prévenu ni Vorlen, ni ma fille qui semble m’avoir tout pardonné. Je voulais me rendre, qu’ils me jugent, qu’ils me condamnent. Peu m’importait au fond. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent de moi puisque je suis coupable.

En étant presque arrivé, le hasard voulu que je rencontrai la Reine. Je ne voulais pas lui faire peur. Je préférais donc rester à bonne distance d’elle. Et je lui rendis mes armes, lui expliquant ce que j’avais sur le cœur. La culpabilité que je ressentais, la raison de ma présence ici, tout…
Pourquoi cela n’est jamais simple ? Elle aussi ne voulait pas me considérer comme responsable de mes actes. « Pire » que cela, elle me proposait de travailler pour elle, de rentrer dans l’armée puisque j’avais tant envie de me faire pardonner pour mes fautes passées. J’acceptais. Je pensais sincèrement que de risquer ma vie pour elle et ce Royaume valait bien la peine après ce que j’avais fait. Mais elle me nomma directement à un poste avancé. J’aurais voulu lui demander de ne pas faire cela, que je commence tout en bas de l’échelle. Que j’étais bien le dernier à mériter une telle faveur. Cependant, pour la Reine, tout était déjà réglé et je ne pouvais quand même pas la contredire !

Ainsi reprend peu à peu ma vie. Entre ce nouveau travail et mes promenades sur le marché. J’ai retrouvé un nouvel associé pour importer et exporter diverses marchandises vers le Royaume du Nord. La routine reprend petit à petit les rênes de ma vie. Sauf que désormais, il y a Vorlen. Ce n’est plus vraiment de la routine avec lui. On passe beaucoup de temps ensemble et j’en suis à chaque fois très heureux même si je ne parle de cela à personne. Je sais qu’il continue d’attaquer d’autres Merkiens de temps à autre pour se nourrir. Je l’ai vu dernièrement avec une femme. Cela me fait de la peine qu’il ne se contente pas uniquement de mon sang. J’aimerais bien redevenir le seul comme avant, durant près de dix ans. Mais il faut croire que je ne peux pas tout avoir. Je devrais apprendre à accepter ce que j’ai et arrêter de me comporter en enfant gâté qui en veut toujours plus. Il me donne déjà suffisamment.

Je parlais du Royaume du Nord tout à l’heure. J’ai justement rencontré un jeune garçon qui venait de là. Il m’a dit le nom de son village, Elru, mais je ne suis pas parvenu à le localiser sur ma carte. Ce doit être un petit hameau. Mais le Royaume est si vaste également. Encore que dominer des montagnes n’est pas bien difficile. J’aurais bien voulu qu’il m’apporte des nouvelles fraîches mais hélas, il ne semblait pas très bien au courant de ces choses-là. Il ne connaissait même pas le nom de son village. Quand je lui ai parlé de la capitale, Northdale, ce n’était pour lui qu’une ville lointaine, floue. Bah, je ne peux pas non plus lui en vouloir. J’imagine que pour lui, la vie est comme elle est et il doit faire bien peu de cas de la manière dont s’organise son pays du moment que lui parvient à vivre correctement. Il m’a dit être venu ici pour étudier. C’est vrai qu’il a l’air bien jeune. Entre quinze et vingt ans je dirais. J’ai appris qu’il souhaitait étudier la magie. C’est toujours un sujet passionnant. Mais je sais également qu’il devra apprendre à lire et à écrire d’abord. Il semblait bien honteux d’être analphabète mais bah ! ce n’est pas si important. Il est encore jeune et a tout le temps d’apprendre cela…
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:32

Dydd Mawrth, 6ème jour du mois du Roi, Année 3779 du Royaume, 41ème année du cycle de Caranthir.


Vorlen devra-t-il sans cesse payer pour les atrocités qu’a commises sa race ? Combien de personnes, généralisant abusivement, nourrissent une haine envers tous les vampires, sans distinctions. Ne se rendent-ils pas compte que certains Humains sont également capables, même très capables, d’actes horribles et innommables ? Alors pourquoi faudrait-il immédiatement juger un membre de la race des vampires ?

Je devrais m’expliquer un peu mieux. Il y a quelques jours, j’ai rencontré dans la rue diverses connaissances dont j’étais resté sans nouvelles depuis longtemps, comme Ghadet ou le jeune Shankara. Nous parlions de tout et de rien et Vorlen nous a rejoint également un peu plus tard, ainsi qu’un certain Nébri que je ne connaissais pas (elfe noir d’après ce que je pouvais en voir). Bien que je mourusse * d’envie de faire le contraire, je restais à certaine distance du Spawn. Ne pas leur montrer… Ils ne comprendraient pas… Ils jugeraient… Tout comme Shankara a jugé. Ne s’étant pas aperçu que Vorlen était un vampire, il l’apprit au hasard des mots que nous échangions. Sa réaction fut immédiate, rapide et violente. Prétextant à être le seul à avoir un rien de discernement et de mémoire, il nous quitta. Je suis certain que c’est la haine, peut-être même le dégoût qu’il ressentait désormais envers Vorlen.
Comment changer le jugement des gens ?

Enfin, peut-être que je ne devrais pas me prendre la tête avec ça… Je ne peux changer le monde à moi tout seul. Autant laisser les gens, et les subir…

Je me suis rendu au bal des Feuilles également. Une fête très réussie d’après ce que j’ai pu en juger. La Reine s’est montrée magnifique et éblouissante, comme à son habitude. Il m’arrive parfois de me demander comment j’ai pu avoir la volonté de m’opposer à elle, de lutter contre son Royaume. Elle est si captivante.
Je me suis rendu au bal en compagnie du jeune Shiraha, semblant toujours aussi timide et gêné pour un rien. Il doit essayer de s’affronter lui-même et je suis sûr que ce genre de réceptions, à la longue, pourront l’aider à combattre sa timidité, même s’il se montrait terriblement maladroit avec une fille qui cherchait à le faire danser. C’est un peu dommage, il ne peut s’amuser entièrement.
J’espérais revoir là Vorlen que je n’avais plus vu depuis cette rencontre avec Shankara. Hélas, il ne s’est pas présenté.

Oh ! Il faudrait que j’écrive ici un rêve merveilleux que j’ai fait, mais en même temps si douloureux parce que je sais qu’il ne se réalisera jamais. C’était lors du bal justement. Je rentrais dans la grande salle en compagnie de Vorlen et je lui tenais la main ! Je lui tenais la main ! Parce que j’en avais envie, que nous nous aimions et que nous formions un vrai couple. Et les gens… tous les gens présents… C’est à peine s’ils nous jetaient un regard. Ils ne faisaient pas réellement attention à nous. Tout comme on ne fait pas vraiment attention aux couples dits « normaux ». Aucun regard outré, aucune parole indignée, aucun geste déplacé. Nous étions là, lui et moi, et nous ne dérangions personne. Quand il y eut de la musique, Vorlen me fit danser et j’en profitais pour être plus près de lui. Nous dansions au milieu de tous les invités, qui eux-même dansaient et ne nous prêtaient toujours pas plus d’attention qu’il ne fallait.
Cela dura un petit moment puis je me réveillai.

Cela en est plus douloureux, cela me rappelle que je dois cacher mon amour, que je ne peux vivre pleinement mon amour pour lui parce que tous seraient alors après moi. J’entends déjà ici leurs paroles désagréables et insultantes. Je serais mis au ban de la société, considéré comme un paria ou un pestiféré… Un déviant…

Pourquoi tout le monde n’a-t-il pas cette même indifférence bienveillante envers Vorlen et moi comme l’a Idril ?





( * Ca fait bizarre, hein ? C’est moche mais c’est la conjugaison correcte…)
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:32

Dydd Sadwrn, 2ème jour du mois de la Reine, Année 3779 du Royaume, 41ème année du cycle de Caranthir.


Aujourd'hui, ma fille est repartie et je ne sais pas quand je la reverrai. Nous nous sommes plus ou moins... disputés.

A chaque fois qu'elle vient me voir, c'est uniquement pour se précipiter dans ma cuisine et voir s'il y a quelque chose à manger. Non, j'exagère, parfois, elle se contente simplement de se sécher et de se réchauffer près du feu quand le temps est mauvais dehors. Mais c'est tout. Elle refuse les cadeaux que je pourrais lui faire et continue de préférer exercer ses exécrables talents de voleurs sur les gens du marché. Quelle honte alors qu'elle pourrait rendre tout le monde content en acceptant d'une part l'argent que je voudrais lui donner, et d'autres part les marchands de viande, la plupart pauvres fermiers des terres merkiennes avoisinantes venus vendre leurs bêtes pour vivre et gagner de quoi replanter leur récolte.

Depuis la fin de la guerre, leur condition ne cesse de s'améliorer, mais la terre merkienne a énormément souffert des ravages des batailles. La grande plaine garde encore quelques cicatrices des combats et de nombreux corps sans vie émergent parfois du sol. Il faut dire que la bataille fut tellement meurtrière d'après les témoins !
Quant aux fermiers, il a fallu tout reconstruire. Les troupes de Shaïtan avaient bien entendu tout détruit sur leur passage. Les paysans se sont retrouvés ruinés. Evidemment, cette nouvelle période de paix qui s'annoncent, puisse-t-elle n'avoir pas de fin, favorise la reconstruction des campagnes. Tout avance bien vite mais avec quelques difficultés. Il faut dire que l'état des terres est si désastreux qu'il n'est pas difficile d'avoir une bonne croissance. Cela montre bien la richesse de Merkia.

Mais quand même, il faut rester prudent, la richesse ne touche pas encore tout le monde et je n'aime pas voir ma fille profiter de talents certes pratiques mais qui peuvent également briser l'espoir de familles. Son égoïsme, acquis peut-être à cause de la rude vie dans les rues qu'elle a connue durant sa jeunesse, me rend hors de moi. Je déteste les gens qui prennent sans rien donner en retour. Il est tellement plus agréable de donner sans même rien attendre en échange. C'est ce que je fais avec Shiraha. Je trouve cela tellement gratifiant. Et même si personne n'en sait rien, pas même lui, moi, je sais dans mon coeur que ces actes sont justes et bons. Du moins je l'espère sincèrement. Après tout ce que j'ai pu faire, je veux prodiguer le bonheur à tous si c'est dans mes possibilités.

Je m'égare et je laisse sans cesse ma plume filer sans limite. Mes pensées s'entremêlent et je ne pense plus à Ookami. Notre dernière conversation fut donc tendue. Je me plaignais de la voir ainsi. Jamais je ne serai pour elle un vrai père. J'ai constamment cette impression d'être un étranger pour elle. A la rigueur un bon ami chez qui elle peut trouver de la nourriture quand mademoiselle est trop lasse pour la dérober.

Une seule fois elle m'a pris dans ses bras et une seule fois j'ai pu, l'espace d'un fugace instant, me considérer pleinement comme un père heureux. Et depuis, rien. Pas un signe... J'essaye d'être patient mais comment tenir alors que je ne vois jamais de signe de changement, que cette sauvagerie me saute sans cesse au visage ? Dois-je renoncer à son amour ?
C'est ce qu'elle semble avoir décidé hier. Jamais nos relations ne pourront dépasser un cadre neutre... Elles devront apparemment toujours s'y tenir ou bien empirer... Mais jamais elles ne pourront devenir réellement affectives... Je ne peux pas être père.

J'aurais voulu passer ma nuit avec Vorlen après cela. Dans ses bras, j'aurais pu me consoler et me sentir aimé. C'est ce qui me manque avec elle. Vorlen, lui, me montre sans cesse l'étendue de son amour et je fais de même. Je veux qu'il n'ait aucun doute à ce sujet et qu'il comprenne bien qu'entre tous, je ne veux appartenir qu'à lui, quoi que les autres puissent en penser.
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:32

Dydd Gwener, 15ème jour du mois de la Reine, Année 3779 du Royaume, 41ème année du cycle de Caranthir.


Nous nous sommes expliqués Ookami et moi. Je ne sais pas ce qu’il en ressortira. Les choses ont l’air de s’être calmées mais je préfère me méfier. Enfin, non, ce n’est pas le terme qui convient. Disons seulement que je ne voudrais pas avoir de faux espoirs. Je commence à prendre l’habitude d’en avoir et j’aimerais bien arrêter.
Cela me rappelle qu’elle m’a présenté son ami Elbalië. Il a l’air assez gentil quoique je le soupçonne de voler lui aussi. D’un autre côté, je ne pouvais m’attendre mieux avec ma fille. Cela dit, je crois qu’il se contente de voler uniquement pour manger. C’est déjà une bonne chose. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir trouver un travail et gagner honorablement sa vie. Tiens, il faudrait que je donne un peu d’argent à cet Elbalië avec ordre d’inviter ma fille quelque part, dans une bonne taverne.
Elle commence à avoir l’âge où elle peut sortir dans ces établissements-la. De toute manière, je suis pratiquement sûr qu’elle ne m’a pas attendu pour le faire. Mais bon. Je préfère la savoir en train de sortir dans une bonne taverne plutôt qu’un de ces endroits pouilleux vers l’ouest de la vile où il y a sans cesse des bagarres d’ivrognes…

Hum, il y a eu aussi un petit accident avec Shiraha. J’avais décidé de lui apprendre l’équitation et de le faire monter à cheval. Il ne se sentait vraiment pas confiant. Ce n’était pas vraiment un problème, il fallait s’en douter. Mais mon cheval se décida soudainement à partir au galop, s’emballant sans raison apparente. Le pauvre Shiraha se cramponnait comme il pouvait tandis que moi, j’ai dû rivaliser avec ma propre monture en montant un autre cheval que j’avais emprunté. Quand j’étais enfin parvenu à l’arrêter, mon jeune compatriote était terrorisé et il se cramponna à moi, même une fois que je l’avais aidé à descendre à terre.
Vorlen était là aussi ; je devais normalement lui apprendre à monter correctement un cheval après Shiraha mais bon…Après toutes ces émotions, nous avons arrêté.
Dans le même temps… et bien Shiraha a appris mon vrai nom. Une maladresse de Vorlen… Je ne peux pas en vouloir à mon vampire, je ne lui avais rien dit. Pour le moment, je ne connais pas la réaction de Shiraha et j’ai décidé de ne pas lui en parler. Le connaissant, il doit se sentir terriblement nerveux. Ca me rappelle que j’ai beaucoup aimé la tête de Vorlen quand je lui parlais de ces têtes coupées et de ces pendaisons pour qui ne respectait pas nos lois et nos coutumes dans le Royaume du Nord. Mais Shiraha doit penser à cela et cela le met peut-être terriblement mal à l’aise… Il ne devrait pourtant pas y faire attention. Je ne suis plus rien. Moi, Quatre, le fils du Roi il y a une vingtaine d’années, je ne suis plus rien depuis mon départ… Ma fuite plutôt…

Désormais, je ne suis qu’un simple demi-elfe qui commerce un peu et qui met surtout sa vie au service de Merkia et de sa Reine. En parlant d’elle… et bien… Elle sait pour nous désormais. Je veux dire… Vorlen et moi… Elle se promenait dans la rue, sans escorte. Sur le moment, je ne pensais qu’à sa sécurité mais elle insistait pour rester seul. C’est plus tard que Vorlen me signifia que la Reine avait entendu nos paroles. Et c’est vrai qu’à ce moment, je ne sais plus très bien ce que je lui avais dit exactement mais les sentiments forts que je ressentais pour lui étaient très clairs…
Il l’a revue depuis. Et apparemment, cela s’est bien passé. Pour moi, je ne sais pas trop. Je me demande si je dois encore exercer une garde rapprochée sur elle ou s’il vaut mieux que je demande à être affecté à d’autres missions. Accepterait-elle vraiment d’être protégé par un homme qui partage son lit avec un autre homme, vampire de surcroît ?
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:33

Dydd Sadwrn, 21ème jour du mois des Seigneurs, Année 3779 du Royaume, 41ème année du cycle de Caranthir.


J'ai achevé mon voyage pour Librae. Je dois dire que cette ville est tout simplement époustouflante ! Cela est peut-être le moment de faire le point depuis mon arrivée ici. Les dieux doivent me protéger, je ne l'imagine pas autrement. Ne serait-ce que survivre à ce cataclysme est une preuve que les dieux doivent m'aimer. Mais leur amour est dur à porter. Certes, je m'en suis sorti vivant mais j'y ai tout perdu. Ma maison, mes amis, mon amour... ma fille. Ma fille, je n'ai même pas pu lui dire adieu. Je me rappelle cette mascarade de pendaison, quand j'étais encore un loyal serviteur de Sa Majesté la Reine Abyss. Je n'ai pu avoir de conversation avec elle, fuyant de cachette en cachette, enquêtant sur le complot qui menaçait le Trône. J'avais provisoirement quitté Merkia, j'étais sur le bateau de mon compatriote quand le cataclysme a eu lieu. Je me rappelle peu de choses. Seulement d'un bruit immense, de la furie des eaux et du ciel. Une vague immense, plus haute que les hautes murailles de la Cité. Et le noir complet. Je me réveillais, perdu au milieu de l'immensité marine, accroché désespérément à une planche de bois. Cela avait duré deux jours. Deux jours sans manger ni boire. Au soir de la deuxième journée, j'avais remarqué des lumières à l'horizon. Je craignais une hallucination. Mais c'était ma dernière chance. J'ai mis toute la nuit pour atteindre les côtes de ce pays. Je m'échouais sur une plage et j'aurais pu mourir là alors que j'étais sauvé. Mais mes forces m'avaient abandonné et je ne devais mon salut qu'à une jeune fille qui marchait sur la plage.

J'étais près de la ville de Bahari. Une terre, un pays que je ne connaissais pas. J'étais complètement hébété et je me demandais soudain pourquoi je vivais toujours. Pour quelle raison ? En pleine mer, je n'avais pas eu le temps de réfléchir. Je n'avais même pas entrevu la possibilité de me laisser couler, ce qui aurait été si facile. Et moins douloureux. Car je me retrouvais complètement seul. Ookami était morte... Vorlen était mort. Tous ceux que j'aimais. Pendant plusieurs semaines je me laissais aller, errant comme le plus pauvre et le plus repoussant des vagabonds. Mais cela remonte à de longs mois maintenant. J'ai pu me refaire une situation. Grâce à cet homme si vénal qui semblait très intéressé par la description de mon pays. Il sentait les richesses que l'on pouvait y vendre et y acheter. Je m'associais à lui. Le temps d'avoir un peu d'argent pour ensuite le laisser vaquer. Seul amasser de l'argent comptait pour lui. J'ai trouvé quelqu'un d'autre. Et je ne suis plus un vagabond.

D'ailleurs, j'ai eu maintenant assez d'argent pour faire ce voyage à la capitale de ce pays. Librae. Par tous les dieux, on eût dit qu'elle a été construite par les Elfes ou les dieux eux-même ! Elle est d'une telle beauté. D'un tel raffinement. Hésitant sur le chemin à suivre, j'ai admiré les nombreux bâtiments publics, privés ou religieux. La plupart sont d'une blancheur de lait, et construites avec un soin immense qui se retrouve dans les nombreux entrelacs de toute beauté qui ornent les façades, ou dans ces colonnes de marbre blanc ou rose, ces nombreuses statues d'un niveau de détail inégalé...

C'est magnifique !

J'ai trouvé pour le moment une chambre dans une auberge. Je n'ai pas trop les moyens de m'acheter une maison ici. Cela dit, le fleuve remonte jusqu'à Librae et je ferai venir mon associé jusqu'ici. J'ai déjà remarqué que les produits se vendent plus chers que sur la côte.
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:33

Dydd Iau, 26ème jour du mois des Seigneurs, Année 3779 du Royaume, 41ème année du cycle de Caranthir.


Comment une telle chose est-elle possible ? Mais après tout, si j'avais survécu à Merkia, il n'y avait pas de raisons pour que je sois le seul. Et d'entre tous, j'ai retrouvé celui que je souhaitais le plus ardemment : Vorlen. Etranges retrouvailles du reste. Il m'avait vu et suivi jusqu'à mon auberge. Moi, je m'étais écroulé sur mon lit sans prendre la peine d'enlever mes vêtements. Je revenais d'une longue galopade à cheval dans la plaine en dehors des murs et j'étais éreinté. J'y avais rencontré une étrange race, mais pas mauvaise du tout. Une pixie, c'est ainsi qu'elle se définissait. Elle était charmante et amusante quoique peut-être avec un brin de sans-gène parfois.

Sur mon lit, je me rappelle vaguement d'un doux rêve où je m'égarais dans les bras du vampire, contre son corps toujours froid. Mais ce rêve devenait plus ou moins cauchemar car dans un état vaguement réveillé, je savais très bien que Vorlen était mort et que le réveil dans le monde réel serait d'autant plus dur. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me blottir contre cette illusion qui me rappelait une autre époque, un autre pays et un état de bonheur dans lequel je pouvais sans crainte me lover. Un cocon de confiance et d'amour dans lequel je pouvais sans cesse me réfugier.

Mais rien que des souvenirs...

Des souvenirs que je jugeais très convaincants mais il n'y avait pas encore de quoi me tirer de mon sommeil. Car en fait de souvenirs et de rêves, Vorlen s'était véritablement allongé à côté de moi et dans mon sommeil, je m'étais rapproché pour me blottir tout contre lui. Quant à lui, j'imagine qu'il n'avait pas pu résister lorsque mes mouvements apportèrent mon cou à sa portée.
Je sentis la morsure, ferme et profonde. Et la douleur, fulgurante et libératrice. Cela me réveilla complètement, en sursaut et je croyais être attaqué dans mon sommeil par quelque démon. J'eus le réflexe malheureux de me reculer en arrière alors qu'il avait ses crocs profondément ancrés dans ma chair, ce qui m'ouvrit une belle blessure. Je reculais et reculais, tombant du lit et rampant jusqu'au mur. Tout se passait très vite. Mais tout devenait également de plus en plus flou. Je voyais mon sang se déverser toujours avec une grande rapidité sur le sol par la plaie béante. Je levais des yeux nébuleux vers Vorlen qui restait sur le lit, cherchant à me calmer. Je compris alors. Ou du moins, j'enregistrai sa présence contre toute vraisemblance. Il revint vers moi et colla à nouveau sa bouche à ma plaie, buvant mon sang mais refermant également ma blessure.

Le monde tournait autour de moi et je retournais dans le monde du sommeil, mais un sommeil lourd et sans rêve cette fois-ci.

A mon réveil, Vorlen était cependant là...
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MessageSujet: Re: Journal intime de Quatre   Journal intime de Quatre - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Mar - 14:33

Dydd Llun, 26ème jour du mois de Endhöten, Année 3779 du Royaume, 42ème année du cycle de Caranthir.


Pourquoi ne m'en suis-je pas douté ? Tout était bien trop beau pour que cela puisse durer.

Je n'étais pas dupe, je me doutais bien que durant toute cette période, ces longs mois où nous étions séparés, Vorlen avait agressé d'autres personnes. Je comprends le besoin de sang que commande sa nature, sa race... Je ne pouvais l'en blâmer. Mais à présent, nous étions à nouveau ensemble et je pouvais volontairement l'aider à satisfaire ses besoins. Donner mon sang pour lui est quelque chose que je fais avec plaisir.
Mais il a recommencé à agresser d'autres personnes. Et pire, il les a tués ! Je rentrais tard le soir quand je le croisais couvert de sang. Il m'avouait, même s'il n'avait pas besoin, son état le trahissant et l'empêchait de nier...

J'en avais assez d'être naïf. D'être dans son sillage et de devoir l'accepter tel qu'il est : un monstre. Je lui ai dit que c'est ce qu'il avait toujours été : un monstre, un monstre incapable de maîtriser ses pulsions, un véritable danger pour tout ceux qui le fréquentaient ou passaient simplement à côté de lui. Une horreur de la nature certainement, un démon qui appartiendra toujours au Mal de cette terre. A ce moment, je voulais le quitter. Mais il me surprit en m'attrapant, me faisant tomber de cheval et me plaquant contre le mur de cette ruelle où nous étions. Férocement, sauvagement, il me mordit et prit mon sang. Je cherchais à lutter dans un premier temps mais je comprenais qu'il voulait réaffirmer la possession qu'il avait de mon corps. Et je ne sais quelle logique se développant, je finis à nouveau par accepter cette situation avant de m'effondrer dans le noir le plus total. Il m'avait pris beaucoup de sang. Même à Merkia, il était rarissime qu'il aille si loin, qu'il me fasse autant frôler la mort, ce qui est pourtant une sensation très excitante.

Je me réveillais dans un lit miteux d'une baraque encore plus miteuse. Ainsi, je découvre avec effroi que cette ville aussi, malgré la blancheur immaculée des murs de ses palais, disposent aussi de bas-fonds et de quartiers où la richesse ne parvient pas.
Vorlen était là et il chercha à expliquer son comportement. J'étais encore beaucoup trop faible pour polémiquer avec lui, aussi l'écoutais-je attentivement. Il prétendait être sous l'influence d'une déesse. Comment l'avait-il nommé ? Amto, Azto... Quelque chose comme ça... Oui, je crois bien que c'est Azto mais je doute encore. Jamais entendu ce nom ! Je me rappelle très bien les cours que j'ai reçus sur notre panthéon et ce nom ne figure nulle part ! Ni chez les Ases, ni chez les Vanes. Il semblait sincère, mais comment pouvais-je me fier totalement à sa confiance si en guise d'excuse il invoquait des raisons qui nous dépassent, nous, pauvres mortels ?
J'étais cependant conscient que je ne pouvais l'abandonner, lui appartenant. Mais cela ne devait visiblement pas lui suffire. Il ne semblait pas vouloir comprendre que la mort d'un innocent est pour moi chose horrible. Pour lui, cela semble si naturel. Quelle horreur. Ne pensant pas comme lui, il a sans doute décidé que je ne lui étais plus d'un grand secours. Il m'a quitté. L'espace d'un battement de cil. Il n'était plus dans la pièce. J'imagine qu'il s'est servi de sa vitesse.

J'essaye de penser rationnellement. Entre le meurtre de personnes qui n'avaient rien demandé et moi, il a choisi le meurtre. Au fond, je préfère cela. Ainsi il s'est dévoilé. Il m'a rejeté pour assouvir sans limite ses envies de carnage. Je ne peux laisser cela. En quelque sorte, il m'a libéré. Je ne lui dois plus rien. Je n'ai plus à le protéger. Repenser à la marque encore si fraîche sur mon cou me donne envie de vomir. Je regrette tellement maintenant de lui avoir permis de prendre ça... et tellement d'autres choses de moi...
Mais si je n'ai plus à le protéger, je dois protéger les autres de sa dangerosité !

En quittant sa maison, je ressentais un grand vide. Dans l'immédiat, il fallait surtout que je me change les idées. Je décidais d'explorer encore un peu cette ville pour me diriger vers un bâtiment que j'avais aperçu de loin et dont je devinais la grande beauté. Effectivement, le spectacle en était époustouflant et me faisait oublier pour un temps ce qu'il venait de m'arriver. Ce qui caractérisait surtout ce bâtiment, c'est l'immense tour du haut de laquelle on peut dominer toute la ville. Je ne savais pas que les hommes pouvaient construire de si hautes choses !
Je rencontrai là d'ailleurs une charmante jeune femme qui m'indiqua travailler dans ce palais. Elle m'en apprit un peu plus d'ailleurs sur Librae. Ici, il n'y a pas de chefs uniques, mais le pouvoir est réparti si j'ai bien compris, entre deux femmes. Je me demande comment un pays peut être gouverné efficacement avec deux Reines à sa tête. Soyons cependant pragmatique : cette cité est de toute beauté et le pays semble fort, leur système doit donc être très bien rodé.

Cette jeune femme se présenta sous le nom de Hikari. J'aimais beaucoup sa conversation, elle semblait vraiment très gentille. Mais j'ai dû la quitter précipitamment : ma blessure au cou s'était réouverte. Je la dissimule à nouveau sous un foulard, ne sachant pas comment les habitants de ce pays réagissent face aux vampires. Et de toute manière, mon expérience récente me montre bien que ce sont des créatures en lesquelles on ne peut absolument pas avoir confiance. Définitivement.
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